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par Nicolas Lefebvre Legault Après plus d’une décennie à revendiquer un « grand chantier de 8000 logements sociaux par année, dont la moitié en HLM », le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a décidé de changer d’orientation et de revendication principale. Le regroupement veut maintenant doubler le nombre de logements sociaux au Québec et il se prononce en faveur de la socialisation du parc de logements. C’est en tous cas ce qui ressort du 26e congrès du FRAPRU qui s’est tenu en Estrie les 9, 10 et 11 juin derniers. Ce fut un congrès très costaud : un nombre record de délégué-es (plus de 120!), de propositions et d’amendements (une quarantaine), ainsi que des débats de fond étaient au menu. Pour des HLM et contre les évictions Outre sur la question des orientations générales, l’essentiel des débats qui ont animé les congressistes ont porté sur les luttes à mener en priorité l’an prochain. Comme il ne s’est pas construit de HLM depuis 12 ans au Québec et que les listes d’attente rallongent, la lutte pour un nouveau programme de construction de HLM a été adoptée. Les débats ne portaient pas tant sur l’opportunité de revendiquer des HLM – là-dessus, tous les groupes s’entendent - mais sur la façon de s’y prendre pour gagner. Une proposition de revendiquer que la totalité des 187 M $ rendus disponibles en habitation pour le Québec dans le premier budget Harper soit investie dans le démarrage d’un nouveau programme de HLM a été adoptée. Ça fait des années que le FRAPRU dit que sans argent neuf d’Ottawa, il n’y aura pas de nouveaux HLM (entre autres parce que ça coûte plus cher que les coops). Pour plusieurs, ce nouvel argent disponible pourrait donc donner une prise concrète à l’avancement de la revendication. Le hic, c’est que les HLM ne sont évidemment pas le seul besoin et que les programmes permettant de créer des coops auraient besoin d’être améliorés et pourraient sans doute bénéficier de cet argent aussi. Les débats ont donc été chauds, quelques groupes refusant même d’entériner cette revendication... Dès l’automne, les groupes du FRAPRU devraient adopter un plan de lutte concret. Autre sujet qui fâche, le FRAPRU a décidé de faire de la lutte contre les évictions son autre priorité. La ministre Nathalie Normandeau prévoit déposer à l’automne un projet de loi permettant l’accélération de la procédure d’éviction des locataires; il va de soi que le FRAPRU s’en mêlera. Les revendications du regroupement sur cette question sont de trois ordres. Premièrement, le FRAPRU aimerait que l’on s’inspire du gouvernement ontarien et qu’on mette sur pied un fonds d’aide au loyer. Deuxièmement, le FRAPRU aimerait que la loi soit amendée pour permettre aux régisseurs d’imposer un échéancier de paiement au lieu d’être obligés d’imposer la résiliation du bail. Ceci permettrait aux locataires d’éviter l’éviction lorsqu’ils et elles paient leur loyer en retard et leur assurerait défense et médiation. Troisièmement, afin de garantir le respect du droit au logement, le FRAPRU revendique qu’il n’y ait pas d’éviction sans relogement par l’État. == Extrait du numéro d'été 2006 du journal l'Infobourg.