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Par Marc Boutin Depuis septembre dernier, la ville vit au rythme de la campagne Un tramway pour Québec qui vise à mobiliser la population, les groupes communautaires et les acteurs politiques et institutionnels derrière l’idée de créer un nouveau réseau de transport urbain pour la région métropolitaine. Cette campagne a été lancée par le groupe Accès transports viables. Mû par une énergie renouvelable, le tramway (ou système léger sur rail ou SLR) est un transport quasi silencieux qui n’émet aucun gaz à effet de serre. Il a une plus grande capacité que l’autobus et il est aussi plus rapide - surtout aux heures de pointe - puisqu’il circule sur un réseau autonome, tandis que l’autobus doit partager le réseau routier avec l’auto. On peut même considérer l’autobus comme une doublure du transport par automobile. Plus de 45 circuits d’autobus du RTC sont en effet forcés d’emprunter le réseau autoroutier où ils deviennent inopérants quant à la desserte des quartiers riverains, ce qui accentue la tendance à la dispersion urbaine. Très haute densité Mais le tramway est avant tout un outil d’aménagement autant régional que local. Les quartiers qu’il dessert directement tendent à se densifier et à devenir moins dépendants de l’automobile. Le faubourg Saint-Jean, à cause de sa haute densité, est un milieu urbain fait sur mesure pour le tramway: 8 000 personnes y vivent sur à peine un demi-kilomètre carré. Si l’ensemble de la nouvelle ville de Québec avait la même densité que le faubourg, sa population dépasserait celle de la ville de New York, pour atteindre quelques 9 millions d’habitant-es. C’est dire la virulence de la dispersionite aiguë dont souffre la grande région de Québec. Mais la contrepartie de cette densité, c’est que le faubourg n’a pas été conçu pour l’automobile même si elle y est tolérée aujourd’hui. Les faubourgeois-es «inconditionnel-les de l’auto» doivent s’attendre à avoir la vie moins facile le jour où le projet de tramway deviendra réalité. Ce jour-là, avoir une auto en ville deviendra un luxe et le luxe, ça se monnaye. Que pensez-vous, chers résidant-es du faubourg, de voir le coût de vos vignettes de stationnement tripler dans le but de financer la gratuité dans le transport en commun? Voilà une mesure qui aurait pour effet de partiellement libérer nos rues étroites au profit des piétons et de la verdure. L’objection la plus courante de ceux et celles qui s’opposent au tramway est le coût élevé de sa mise en place. Mais combien nous coûtent -et ce «nous» comprend tous les piétons irréductibles, utilisateurs et utilisatrices du transport en commun, qui doivent aussi payer- les infrastructures liées à l’automobile? Le rajeunissement du seul échangeur Duplessis-Charest vient de «nous» coûter 75 millions, soit le dixième du prix de la mise en place de la première ligne d’un système léger sur rail. Ajoutez à ce montant le coût de la nouvelle autoroute Robert-Bourassa et celui de la remise en état de cette autoroute peu achalandée qu’est Dufferin-Montmorency et, hop, on serait presque «en voiture». En attendant, selon André Savard coordonnateur d’Accès transports viables, la campagne va pour le mieux. Un sondage a permis de découvrir que 66% de la population serait favorable au retour du tramway à Québec. Mais il reste à convaincre un groupe d’irréductibles. On pense ici à certain-es fonctionnaires et politicien-nes «à la mentalité banlieusarde» qui contrôlent notre ministère «de la voirie» -et qui n’ont d’oreille que pour le lobby automobile. Il leur faudrait trouver un misérable petit 12 millions afin de franchir la prochaine étape de la création d’un réseau SLR, soit la réalisation d’une étude de préfaisabilité. Douze millions, c’est moins que le coût d’un bon vieux demi-viaduc à moitié solide. == Extrait du numéro de décembre 2006 du journal l'Infobourg.