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Le sort en est jeté, le presbytère de l’église Saint-Jean-Baptiste ne deviendra pas un énième hôtel et ne sera pas cédé au privé. Sa vocation, si elle change, n’en demeurera pas moins résolument au service de la communauté, comme l’avaient souhaité les paroissiens et paroissiennes. En effet, le bâtiment a été vendu à Lauberivière pour qu’elle en fasse une ressource pour personnes itinérantes. Que les personnes sujettes à inquiétude se rassurent, le presbytère ne sera pas transformé en « ressource de première ligne » (c’est-à-dire qu’il ne deviendra pas un nouveau refuge). Il aura plutôt la vocation d’une ressource de « réinsertion » intervenant en « fin de parcours », qui s’ajoute aux autres services de Lauberivière mais ne les « concurrence » pas. L’idée de base est de fournir un logement décent et abordable à d’anciens et d’anciennes sans-abri qui ont suivi l’un des programmes de Lauberivière (retour à l’école, désintoxication, réinsertion professionnelle, etc.) et qui ne trouvent pas chaussure à leur pied sur le marché privé. La crise du logement frappe en effet durement tous le réseau d’« insertion-réinsertion » en itinérance. Les refuges sont débordés et les solutions traditionnelles d’hébergement, comme les maisons de chambres, le sont également. Pire, des institutions du réseau de la santé et des services sociaux réservent l’ensemble des places de certaines maison de chambres de Saint-Roch, tandis que d’autres ont carrément été rachetées pour faire des... condos! Or, Lauberivière a constaté que tous les efforts de « réinsertion » du monde sont inutiles si les personnes sont incapables de trouver des logements décents et abordables en fin de parcours. En clair, une personne sortie de l’itinérance qui doit payer de 50 à 75 % de ses revenus pour se loger dans un taudis (ce qui n’est plus rare du tout) a énormément de risques de retourner à la rue à court terme. Le projet de Lauberivière au presbytère vise précisément à remédier à ce problème. En effet, une fois rénové, le presbytère sera équipé de 13 studios, d’un trois et demi et d’utilités collectives (cuisines, salon, etc.). Ces studios devraient théoriquement être occupés pour des périodes de quelques mois par des personnes en recherche de logement ou en attente de logement sociaux. Le fruit d’une longue lutte Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste avait déménagé ses pénates dans l’ex-presbytère à l’été 1998 à l’invitation de membres du Conseil de fabrique d’alors. Ces derniers, franchement ancrés à gauche, prévoyaient les fusions de paroisses qui se sont du reste concrétisées un an et demi plus tard et se doutaient bien que le presbytère serait rapidement mis en vente. Craignant que le privé ne mette la main sur le patrimoine payé par des générations de croyants et de croyantes de la communauté, ces membres du Conseil de fabrique ont voulu remplir la bâtisse de groupes communautaires (GRIS, ŒIL et cie). Rapidement, la toute nouvelle Table de concertation des organismes communautaires de Saint-Jean-Baptiste a décidé d’en faire un enjeu central, de concert avec le CLSC, la conseillère municipale, le Conseil de quartier et des intervenants religieux (Saint-Vincent-de-Paul, notamment). Une consultation des paroissiens et des paroissiennes a été organisée, et une très forte majorité s’est alors prononcée en faveur du maintien de la vocation « communautaire » de la bâtisse. À l’origine, le projet retenu était une « maison de la citoyenneté », une sorte d’auberge espagnole de groupes communautaires, un peu à l’image du projet caressé cet été par les occupants et occupantes du 920 de la Chevrotière. Le manque de locaux pour les groupes communautaires du quartier était en effet criant (ce manque ne s’est qu’aggravé depuis). Malheureusement, faute de capital (politique et financier), ce projet a avorté. Puis, après les fusions de paroisses, les gens de Saint-Jean-Baptiste (et la gauche chrétienne) se sont retrouvés minoritaires au Conseil de fabrique. Il a fallu un maximum de pression, y compris la mobilisation de plus de 75 résidants et résidantes du quartier par le Comité populaire, pour éviter la vente à des intérêts privés et forcer le Conseil à ne pas précipiter les choses. En bout de ligne la Table de concertation, constatant que pour préserver la vocation communautaire du presbytère seul le logement social était possible, a approché le Groupe de ressources techniques Action-Habitation qui a pris en main le dossier. Après quelques recherches, il s’est avéré que Lauberivière avait un projet réalisable. Le temps que tout se mette en place, il aura fallu deux ans (de tension!). Nous croyons que nous pouvons revendiquer le maintien de la vocation communautaire du presbytère Saint-Jean-Baptiste comme une victoire du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste et du front commun mis sur pied à l’époque. En témoigne d’ailleurs le fait qu’un étage, le rez-de-chaussé de la rue Sainte-Claire, est réservé à des locaux pour trois organismes du quartier, soit le Comité populaire, ŒIL (Organisme d’entraide et d’intervention locale) et l’AGAF (Association des gens d’affaires du faubourg). == Extrait du numéro de novembre 2002 du journal l'Infobourg.