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Aujourd’hui, il est agréable de vivre dans Saint-Jean-Baptiste. Le quartier est reconnu pour son animation et son petit côté bohême. Il est même prisé auprès d’une certaine frange de la population. Toutefois, ça n’a pas toujours été comme ça.
Difficile à croire mais, il y a trente ans, la Ville trouvait le quartier insalubre et voulait démolir les maisons du «haut» du faubourg pour faire passer une autoroute. En 1976, ça prenait une méchante tête de cochon pour s’accrocher. C’est pourtant ce que firent une poignée de résidants-es, qui sont à l’origine de ce qui allait devenir le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste.
Tasse-toé mononcle!
Dans les années 1960, le Québec se modernise. C’est la Révolution tranquille. On assiste en direct à la naissance de l’État québécois moderne avec ses ministères et ses programmes sociaux. Mine de rien, cet État en pleine croissance a besoin de place pour loger tout son monde. Et c’est à Québec, sur la toute nouvelle colline parlementaire, que l’État élira domicile. Cette naissance ne se fera pas sans douleur; dans le sillage de l’État, c’est la moitié du quartier Saint-Jean-Baptiste qui passe à la trappe et qui est démoli. Pour donner une idée de l’ampleur de la saignée, mentionnons que la population du quartier est passée de 17346 en 1966 à 10050 en 1976.
Le Mouvement Saint-Gabriel
Début 1976, la Ville de Québec achète toutes les maisons de la rue Saint-Gabriel. Rapidement, elle annonce qu’elle ne renouvellera les baux qu’à chaque mois. Le 4 mars, quelques poignées de locataires se réunissent pour discuter de la situation et pour voir ce qu’il y a à faire. Une seule solution: faire comme dans Saint-Roch, s’organiser et se mobiliser massivement. Le 29 juin, plus de 300 locataires assistent à la première d’une série d’assemblées de quartier. Le Mouvement Saint-Gabriel est né.
Avec l’aide d’une équipe d’étudiants-es de l’Université Laval, les locataires de la rue Saint-Gabriel développent une solution alternative à la démolition pure et simple de leur milieu de vie: une coopérative d’habitation. À l’époque, il n’existait pas encore de programmes gouvernementaux pour financer ce type de logement social. C’est dire combien l’idée était avant-gardiste. De mois en mois, la lutte se développe et le projet se concrétise. Au bout de trois ans, les locataires peuvent crier victoire. Encore aujourd’hui, les coopératives d’habitation Saint-Gabriel et l’Archange sont là pour témoigner du succès de cette lutte.
Dès le début, l’intérêt des résidants-es résistants-es dépasse la simple question du logement. La lutte de la rue Saint-Gabriel, c’est aussi la lutte pour la maison des jeunes et la lutte pour le parc Scott. C’est pour en tenir compte que le Mouvement Saint-Gabriel s’était transformé en Comité de citoyens Saint-Gabriel.
Une force dans le quartier
À la fin des années 1970, le Comité de citoyens s’engage dans des luttes dépassant le cadre de la rue Saint-Gabriel. Ainsi en est-il de la lutte contre Charlebec, autour de l’avenir du boisé des Franciscaines. Ce boisé, véritable poumon du quartier, était situé derrière le Grand Théâtre et ne cessait de changer de main depuis que les sœurs l’avaient vendu en 1974. À la fin de 1976, il est finalement cédé à la compagnie Charlebec, qui veut le développer et y construire une tour d’habitation et de commerces. En 1978, la lutte s’intensifie et le Comité de citoyens rassemble une vingtaine de groupes populaires dans une coalition. Pourtant, malgré une très forte opposition populaire (une pétition de 3000 signatures et deux manifestations de 400 personnes) et une injonction, le boisé est rasé de nuit en toute illégalité. Le complexe Saint-Amable, qui s’élève aujourd’hui sur ce terrain, témoigne de la première véritable défaite du Comité.
Le début des années 1980 est une période intense de réflexion sur l’avenir du groupe. Les luttes fondatrices sont derrière les militants-es, qui se font d’ailleurs moins nombreux et nombreuses. La nature des menaces à la vie du quartier évolue. Ce n’est plus tant la démolition que la rénovation du quartier, avec les hausses de loyer et la tendance à l’embourgeoisement que cela comporte, qu’il faut craindre. Toutes les options sont sur la table: dissoudre le groupe, le transformer en comité de logement ou encore étendre son action à l’ensemble du quartier. C’est cette dernière idée qui prévaut. Dès 1982, le Comité de citoyens Saint-Gabriel cède la place au Comité populaire Saint-Jean-Baptiste.
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Extrait d'un encart publié dans l'Infobourg à l'occasion du 30ème anniversaire du Comité populaire