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Le 6 septembre, les agents du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) ont débarqué chez de nombreux commerçants-es pour détruire les fromages artisanaux. On craignait que la bactérie listeria ne cause des problèmes de santé sérieux à la population, puisque plusieurs cas de listériose avaient été détectés au pays. Quelques semaines plus tard, nous avons rencontré le directeur de l’Épicerie européenne pour discuter de l’événement. Des pertes financières importantes Comme pour la majorité des fromageries et détaillants, les pertes ont été très élevées. Le comptoir de l’Épicerie européenne a été entièrement vidé et fermé durant deux semaines. Les agents du MAPAQ avaient relevé la présence de la bactérie sur les surfaces de travail, les risques de contamination croisée étaient présents et toute la charcuterie a aussi été détruite. «Nous avons constaté une diminution de plus de 50% de notre chiffre d’affaires. Le comptoir de fromages et de charcuteries est notre pôle d’attraction et les clients-es en profitent pour acheter d’autres produits dans le magasin», indique monsieur Gianni Colarusso. Ces pertes s’ajoutent à celles de la valeur des denrées détruites. Des manières discutables Il était important que le problème soit rapidement enrayé et l’action du MAPAQ était justifiée. Monsieur Colarusso relève cependant l’apparente contradiction et le manque d’homogénéité dans les procédures d’intervention. Il est, par exemple, étonnant qu’avant leur destruction, le MAPAQ n’ait pas échantillonné les produits provenant des fromageries soupçonnées afin de vérifier s’ils étaient effectivement contaminés. Cette information est précieuse pour retracer à quel maillon de la chaîne la contamination s’est produite. À l’heure actuelle, le ministère en cherche d’ailleurs toujours la source. D’autre part, certains détaillants ont dû jeter des équipements, alors que d’autres n’ont eu qu’à les stériliser. Le directeur de la réputée boutique de la rue Saint-Jean déplore que les tests de détection chez les fromagers ne soient actuellement pas obligatoires, alors qu’ils le sont dans plusieurs pays. Les suites Afin de pallier les importantes pertes financières, le dossier du commerçant est actuellement analysé par son assureur. Au moment d’écrire ces lignes, un regroupement des entreprises touchées débutait des démarches pour obtenir des dédommagements auprès du gouvernement. Entre temps, les clients-es ont recommencé à fréquenter l’épicerie, après avoir témoigné leur sympathie et leur solidarité aux employés-es et au directeur. Heureusement, les consommateurs ne se montrent pas craintifs et reprennent leurs habitudes. L’épicerie s’en remettra plus vite, pour le plus grand bonheur des fins palais. == Extrait du numéro d'octobre 2008 du journal l'Infobourg.