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Par Nadine Davignon Les enjeux suivants ont été identifiés lors des discussions tenues dans le cadre du forum citoyen organisé par le Comité populaire. Permis ou pas? Les faits : la Ville émet un permis sans que le ministère de la Culture n’ait autorisé le projet. Qui blâmer? Le promoteur est-il en tort de procéder à la démolition? Est-ce la Ville qui n’a pas fait ses devoirs ou encore le Ministère, pas assez diligent ni vigilant? Quelle est la valeur des statuts particuliers donnés à notre patrimoine si le premier venu peut en faire de la poussière de pierre sans être sanctionné? Les citoyens et citoyennes s’indignent; ils sont en droit, au minimum, d’exiger le respect des lois et règlements! C’est dans cette optique que plusieurs citoyens et citoyennes se sentent floués par le promoteur et qu’ils demandent son expropriation. Un site exceptionnel Une falaise à moitié sauvage, une entrée de la ville, des bretelles d’autoroute, une magnifique vue sur les Laurentides, une zone frontière entre la haute et la basse-ville, des lignes horizontales et verticales fortes, un carrefour des réseaux de transport, un positionnement en plein cœur du centre-ville mais aux portes de la vieille ville, un statut particulier l’intégrant à l’arrondissement historique et un lien physique à un quartier résidentiel à forte densité : un projet sérieux sur l’ilot Saint-Vincent-de-Paul doit considérer ces éléments comme guides d’aménagement. Il faut un projet exceptionnel pour rendre justice à ce site, un projet qui symbolise notre identité, un projet fort et phare. À Québec d’affirmer ici son essence. Les propriétés des communautés religieuses : privées ou publiques? De grandes propriétés ont été autrefois acquises par les communautés religieuses. Celles-ci ont construit leur fortune au moyen des dons des citoyens, à travers les dîmes, mais aussi à travers l’acquisition des possessions et des héritages de leurs membres. Ces communautés ont rendu de nombreux services à notre société en offrant notamment l’éducation aux enfants, les soins de santé à tous et la charité aux plus pauvres. En échange, les municipalités et gouvernements ne leur ont exigé aucun paiement de taxes et d’impôts. Aujourd’hui, les religieux et religieuses vieillissent, leurs communautés disparaissent comme peau de chagrin; ils veulent vendre leurs possessions. Considérant l’apport financier et humain de leur milieu d’accueil, est-ce que les propriétés, bâtiments et avoirs des religieux appartiennent aux citoyens et citoyennes ou aux religieux et religieuses? Ce débat est actuellement soulevé partout au Québec. Tout comme plusieurs autres, le site Saint-Vincent-de-Paul a été vendu et les religieux en ont récolté les fruits. L’éthique sociale de ces transactions en laisse plus d’un perplexe. De la propriété et de la démocratie Le terrain Saint-Vincent-de-Paul cristallise aussi un débat idéologique, à savoir l’opposition apparente entre le droit de propriété et celui des citoyens et citoyennes de s’exprimer et de décider démocratiquement. Dans notre société, la propriété d’un terrain ou d’un édifice confère, de façon générale, le droit d’en disposer comme on l’entend. Certaines règles urbanistiques encadrent parfois, de façon plus ou moins sévère, le développement que l’on peut en faire. Supposons que le projet du promoteur du terrain Saint-Vincent-de-Paul respecterait toutes les règles. Son bâtiment serait quand même mal reçu par les citoyens et citoyennes. Pourquoi? Tout simplement parce que les aménagements, quels qu’ils soient, viennent modifier l’environnement des citoyens et citoyennes, sans qu’ils n’aient été consultés. Les impacts de l’hôtel proposé seraient multiples : l’impact visuel sur la trame urbaine, la perte de la vue sur l’horizon, la réduction de l’accès au site, la modification de la circulation routière, le développement économique touristique, etc. Quels droits doivent primer? Ceux d’un promoteur propriétaire ou ceux de la collectivité de contrôler son milieu de vie en participant aux débats? Des dollars et des hommes Les impacts économiques positifs de cette construction, soit des emplois dans le secteur hôtelier, l’augmentation présumée des dépenses touristiques ainsi que des taxes pour la Ville, peuvent être mis dans la balance. Est-ce que la valeur d’un projet se mesure uniquement à son aspect financier? Bien sûr que non. Les qualités environnementales, esthétiques et sociales, notamment, sont à considérer. Ce sont là les bases d’un véritable développement que l’on dit durable.
Qu’est-ce qu’un patro? (ND) Le mot patro est un diminutif de «patronage». De manière générale, le patronage désigne un soutien accordé à des personnes qui vivent dans la précarité. On l’a peu à peu assimilé à une œuvre de bienfaisance aidant plus spécialement les jeunes et s’étant avec le temps spécialisée dans les loisirs. Dans le jargon actuel, on l’appellerait « centre communautaire ». Plusieurs patros ont été construits au Québec, le plus ancien étant celui de la côte d’Abraham. De 1867 à 1987, les jeunes du quartier Saint-Jean-Baptiste ont pu y pratiquer de nombreux sports et y réaliser des activités culturelles et sociales. Le Patro devint rapidement un pôle important du quartier puisque la majorité des jeunes le fréquentaient régulièrement. L’entraide et le soutien des plus démunis ainsi que le volet pastoral y ont également tenu une grande place. Ce sont les conférences Saint-Vincent-de-Paul, organismes laïques, et les religieux Saint Vincent-de-Paul qui les ont mis sur pied et qui les dirigent encore aujourd’hui. Il subsiste actuellement quatre patros dans la région de Québec, et autant ailleurs dans la province. == Extrait du numéro de juin 2009 du journal l'Infobourg