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Par Joël Tremblay Dans une ville, il y a souvent des endroits que l’on ne remarque plus et dont on oublie l’importance, jusqu’au jour où il n’est plus possible de s’y rendre. Prenez par exemple le cimetière St.Matthew qui, en raison des travaux de réfection qui y sont effectués depuis juillet dernier par la Ville de Québec, n’est plus en mesure d’accueillir les résidants et résidantes du quartier Saint-Jean-Baptiste, lesquels avaient l’habitude de venir s’y reposer. Ce n’est d’ailleurs pas d’hier que les gens viennent s’y détendre. L’histoire du faubourg Saint-Jean-Baptiste tourne autour de ce cimetière depuis plus de 200 ans. C’est en 1771 que le gouvernement anglais a acheté des héritiers de Denys Saint-Simon un terrain, sur la rue St-Jean, pour en faire un cimetière protestant. À l’époque, il faut imaginer un champ, quelques commerces, des petites maisons et la cabane en bois du fossoyeur. C’est dans cette cabane qu’ont été célébrés les premiers offices qui donnèrent plus tard naissance à l’église proprement dite. La première personne à être inhumée au cimetière s’appelait Jane Hey, femme du juge William Hey. Elle est décédée le 14 juillet 1772, à l’âge de 28 ans. La superficie restreinte du cimetière obligeait les fossoyeurs à empiler les corps dans les fosses, ce qui fait en sorte qu’entre 1771 et 1860, c’est entre 8 000 et 10 000 personnes qui furent inhumées dans le cimetière. Pratiquement tous les Anglais décédés avant 1860, année de la fermeture du cimetière St.Matthew, y ont été inhumés. Toutefois, les corps étant placés dans un linceul, il ne reste probablement que peu de choses de tous ces gens; il ne reste que leur souvenir. D’ailleurs, selon Jacques Perron, porte-parole de la Ville de Québec, « le cimetière St.Matthew est un lieu de commémoration important, une part de notre histoire et de notre héritage dont il faut entretenir la mémoire ». Et c’est dans cet état d’esprit que les travaux ont été entrepris. « En plus des travaux d’étanchéisation des fondations de l’église, le projet de réfection comprend un volet de mise en valeur, car c’est également un lieu patrimonial reconnu. Les pierres tombales seront nettoyées, certaines relevées du sol où elles sont tombées, ce qui donnera l’impression qu’il y en a davantage qu’avant », affirme M. Perron. D’ailleurs, une des pierres qui sera ainsi revalorisée est celle d’Alexandre Cameron, un officier écossais qui combattait avec l’Angleterre et dont la pierre serait la plus vieille au Québec 1. En plus des travaux de réfection, des fouilles archéologiques ont aussi été réalisées. Une fois les artéfacts analysés, un bilan sera présenté, probablement au printemps prochain. Des stèles d’interprétation seront réinstallées afin de permettre aux visiteurs de mieux comprendre l’histoire du cimetière et de certains de ceux qui y sont inhumés. « Des bancs, de nouveaux aménagements paysagés et des sentiers complèteront l’ensemble », toujours selon M. Perron. La réouverture du cimetière est prévue pour l’automne ou le printemps prochain, tout dépendant de la vitesse des travaux qui auront coûté un peu plus de 500 000 $. Une ouverture officielle est prévue au printemps. 1. Relevé des épitaphes, Cimetière St.Matthew, Service de l’urbanisme, Ville de Québec. == Extrait du numéro d'octobre 2009 du journal l'Infobourg