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L’élection municipale du 1er novembre dernier ouvre définitivement une nouvelle période politique à Québec : l’ère Labeaume. Comme aucun maire en fonction n’a été battu à Québec depuis les années 1930, il y a fort à parier que nous en avons pour plusieurs mandats avec cette administration. Au-delà des banalités de base, comme le fait que le maire a gagné son pari et obtenu la majorité qu’il recherchait, l’Infobourg propose ici son analyse post-électorale. Un dossier préparé par Nicolas Lefebvre Legault.
La grande « réconciliation »… La réélection triomphale de Régis Labeaume et d’une majorité de membres de son parti pourrait être analysée comme l’épilogue des fusions municipales. En effet, voilà que Québec et ses ex-banlieues sont enfin politiquement réconciliées! Sauf exception, les élus de l’Équipe Labeaume jouissent de la majorité absolue, même au centre-ville. Dans le district des faubourgs, par exemple, Chantal Gilbert a été élue avec 56% des voix. Depuis le début de la décennie, on observait un clivage important entre les districts du centre et des banlieues. Pour faire simple, on avait tendance à voter à gauche au centre-ville et à droite en banlieue. Ce clivage semble aujourd’hui beaucoup moins marqué. La seule distinction notable au niveau du comportement électoral que nous pouvons faire entre les districts touche au taux de participation. Dans les districts populaires, le taux de participation tourne autour de 40% alors que dans les quartiers de classe moyenne et supérieure, il est de 55% en moyenne. La différence est toutefois plus sociologique que géographique (il y a des districts cossus avec de forts taux de participation au centre-ville et des districts plus pauvres où moins de gens vont voter en banlieue), et n’a de toute façon pas d’incidences sur le résultat final puisque le maire l’a emporté haut la main partout. Malgré l’apparition de plusieurs nouvelles figures au conseil municipal, il ne faudrait pas conclure trop rapidement à un renouvellement en profondeur. Au contraire, la majorité des 27 élus ont un passé au RMQ (dans 11 cas) ou à l’Action civique (dans 8 cas). Au niveau du conseil exécutif, on note un léger avantage aux anciens de l’Action civique. Morale de cette histoire : Québec est gouvernée par une classe politique pragmatique, avide de pouvoir, qui change de bannière politique au gré du vent. Comme quoi plus ça change…
Mobilisation de quartier et élections : Bilan de campagne En 2006, l’Infobourg déplorait que toutes les questions sociales avaient été évacuées de la campagne électorale à la mairie. Nous n’étions pas les seuls, même le maire disait regretter de ne pas avoir eu le temps de parler de pauvreté. Cette fois, le portrait est différent. D’une part, faute de joute politique réelle, les groupes communautaires ont réussi à s’imposer et à marquer des points durant la campagne. D’autre part, l’Équipe Labeaume a bel et bien parlé de pauvreté et pris de nombreux engagements, ce qui permet d’envisager l’avenir avec optimisme (enfin, presque!). Patro Saint-Vincent-de-Paul Le dossier de l’avenir du site du Patro Saint-Vincent-de-Paul, par exemple, a pris durant la campagne une vie propre en devenant un enjeu électoral. Tant les candidates de l’Équipe Labeaume que l’indépendante Anne Guérette (dont le district couvre une partie du «haut» de Saint-Jean-Baptiste) se sont positionnées pour l’expropriation du propriétaire actuel et le développement d’une « mixité de logements » sur le site. Résultat : les deux conseillères du quartier se sont officiellement prononcées pour l’expropriation! Évidemment, ça reste des promesses électorales et rien n’est gagné dans ce dossier (voir autre article pour plus de détails). Logement social En matière de logement social, le parti du maire a pris des engagements intéressants tant en ce qui concerne la Ville, que l’arrondissement et le District des faubourgs. Premièrement, il est évident que l’administration Labeaume est favorable au développement du logement social et fait ce qu’il faut pour obtenir un maximum d’unités pour Québec. L’Équipe Labeaume a pris l’engagement de réaliser 500 nouveaux logements sociaux dans l’arrondissement La Cité - Limoilou durant son mandat. En ce qui concerne le quartier, la candidate du District des faubourgs était la seule, avec celle de Saint-Sauveur, à prendre un engagement de district. Pour le Comité populaire, cela augure bien pour l’objectif de 100 nouveaux logements sociaux dans le quartier à court terme. En effet, on peut facilement imaginer une répartition des 500 unités de l’arrondissement comme suit: 100 en haute-ville, 200 en basse-ville, 200 dans Limoilou comme le préconise le groupe. Autre fait intéressant à noter, c’est la conseillère de Saint-Sauveur, avec laquelle le Comité de citoyennes et de citoyens de ce quartier a une bonne collaboration, qui est la nouvelle responsable du dossier de l’habitation à l’exécutif de la Ville. Transport et circulation de transit Par contre, les groupes n’ont rien obtenu en ce qui concerne un autre dossier majeur du Comité populaire : le transport et la circulation de transit. C’est malheureux parce que c’est un dossier en cours qui affecte grandement la qualité de vie des gens. L’ennui c’est qu’il s’agit de l’un des rares dossiers où les gens d’affaires et les résidants et résidantes ne sont pas sur la même longueur d’onde. Ça reste un dossier à suivre, d’autant plus que Chantal Gilbert, la nouvelle conseillère, l’a mentionné comme une de ses priorités lors de sa première présence au conseil de quartier. De même, s’il a été question de façon sporadique du transport, notamment d’un projet de tramway, durant la campagne, aucun engagement formel n’a été pris. Il faudra attendre les résultats d’un groupe de travail sur la mobilité. En cette matière comme en tant d’autres, nous devrons demeurer vigilants et vigilantes.
Du côté des Verts Comment s’en sont tirés les écologistes à Québec? Relativement bien considérant que le Défi vert de Québec en était à sa première participation électorale. Yonnel Bonnaventure, le candidat vert à la mairie, a obtenu 8% tandis que dans le District des faubourgs, Marc Dean a récolté 14% des voix (seul deux autres candidats écolos ont fait mieux). Il est hasardeux de s’adonner à une analyse générale puisque le Défi vert n’a présenté que 19 candidatures sur une possibilité de 27. Toutefois, on note que l’écologie semble être davantage une préoccupation urbaine. En effet, les candidats qui se présentaient dans des districts de l’ancienne Ville de Québec ont obtenus en moyenne 12%, tandis que leurs collègues qui se présentaient dans les anciennes banlieues récoltaient plutôt 6%. Il est trop tôt pour prédire l’émergence d’une troisième voie, mais force est de constater que les Verts ne sont plus un parti marginal. Reste à voir s’ils seront toujours là dans quatre ans et s’ils auront su se construire entre temps.
Garder les élus à l’œil Votre conception de la démocratie ne se limite pas à exercer votre droit de vote tous les quatre ans? Vous voulez garder les nouveaux élus à l’œil tout en veillant à vos intérêts et à ceux de votre quartier? Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, l’éditeur du journal que vous êtes en train de lire, est là pour ça… Adhérer au Comité populaire est le meilleur moyen de garder un œil sur les élus. Quel meilleur moment qu’un lendemain d’élections pour poser un geste simple de démocratie participative! Vous n’avez qu’à remplir le coupon et à nous le retourner avec votre cotisation. == Extrait du numéro de décembre du journal l'Infobourg