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Par Mathieu Houle-Courcelles On l’attendait depuis un an. Le fameux PPU (Programme particulier d’urbanisme) de la colline Parlementaire a été lancé en grande pompe lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel de ville le 13 mai dernier. Petit tour d’horizon de ce plan de développement d’une importance cruciale pour notre quartier. Le PPU vise à encadrer le développement d’une partie importante de la haute-ville aux abords du faubourg Saint-Jean-Baptiste. Par voie de règlement, le PPU permet de modifier le zonage, ajuster les gabarits et les hauteurs permises pour la construction de bâtiments, en plus de toucher aux questions de transport et d’aménagement urbain. Ébahi par ce qu’il avait vu à Chicago, le maire Labeaume souhaitait profiter de l’exercice pour multiplier les tours au centre-ville. Ce scénario a été écarté, du moins en partie, en raison d’une importante mobilisation citoyenne lors de la première phase des consultations tenue au printemps 2009. Si quelques gros édifices administratifs et commerciaux sont toujours au programme, la Ville privilégie le développement résidentiel sur plusieurs sites actuellement laissés vacants.
Sur Honoré-Mercier Ce qui retient l’attention, c’est évidemment l’ajout d’une tour de 15 étages au-dessus du basilaire de Place Québec. Ce n’est pas une surprise, dans la mesure où la Ville a rétrocédé au mois de juillet 2009 les droits de construction aériens sur ce site. Si aucune modification n’est apportée, les propriétaires actuels de Place Québec (l’homme d’affaires montréalais Tony Accurso et le Fonds de solidarité de la FTQ) auront maintenant les coudées franches pour aller de l’avant avec leur projet… à moins, bien sûr, que les scandales auxquels ils sont mêlés ne viennent torpiller leurs efforts. Un peu plus bas, la Ville souhaite donner le feu vert à un projet de huit étages (28 mètres) à l’îlot d’Aiguillon, là où se trouve actuellement le stationnement de Radio-Canada. Le nouveau zonage permettrait notamment l’ouverture de commerces au rez-de-chaussée et la construction d’une centaine de logements aux étages, lesquels pourraient être loués comme résidences de tourisme ou vendus comme condos. En 2008, une consultation publique sur ce projet avait permis de plafonner sa hauteur à cinq étages (16 mètres). Le promoteur est donc revenu à la charge et cherche maintenant à obtenir les autorisations nécessaires pour réaliser ce projet controversé, bafouant ainsi la décision prise par le conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste. Dans la côte d’Abraham L’avenir du site de l’ancien Patro Saint-Vincent-de-Paul est au cœur des décisions qui seront prises à travers le PPU. Malgré les déclarations faites pendant la campagne électorale, l’administration Labeaume se range derrière le projet d’hôtel piloté par le groupe Jaro. Le PPU lui permettrait même de modifier le zonage actuel afin d’autoriser la construction d’un étage de plus, la hauteur permise passant de 28 mètres à 32 mètres. Une idée avancée par le Compop lors des consultations tenues en 2009, celle d’aménager une esplanade le long de la falaise, a fait du chemin. Elle figure maintenant dans la proposition de règlement rédigée par la Ville. Plus bas, là où se trouve l’ancien garage Jojo, on pourra voir apparaître de l’habitation, tout comme en face sur l’îlot Saint-Augustin. Dans les deux cas, les édifices ne devraient pas dépasser quatre ou cinq étages (16 mètres). À l’intersection de Saint-Gabriel et Saint-Joachim Les terrains de stationnement derrière l’hôtel Delta sont l’objet de toutes les convoitises. Qui l’eut cru! À l’ouest de la rue Sainte-Geneviève, sur Saint-Joachim, la Ville autoriserait l’agrandissement du Centre des congrès tandis qu’à l’est, sur la rue Saint-Gabriel, de nouveaux édifices à logement verraient le jour. On jongle avec l’idée de créer un nouveau lien piétonnier avec la rue Saint-Patrick, située un peu plus haut. Ce secteur, largement défiguré en raison de la construction de l’hôtel Delta, gagnerait à être mis en valeur. Par contre, le prolongement du Centre des congrès est loin d’être une bonne nouvelle. On poursuit ainsi l’expansion d’un immeuble au gabarit imposant (huit étages) au détriment de la trame urbaine propre au quartier. De l’avis du Comité populaire, il faut intégrer davantage ce développement dans le prolongement de la rue Saint-Gabriel en plafonnant les hauteurs permises à 3 étages, comme c’est le cas ailleurs sur la rue (voir illustration). Sur René-Lévesque Grâce à la coopérative d’habitation l’Escalier, le quartier Saint-Jean-Baptiste peut maintenant respirer : les projets d’édifices en hauteur du côté nord du boulevard René-Lévesque sont maintenant chose du passé. Sur les têtes d’îlots où l’on peut encore construire, les hauteurs permises ne dépasseront pas quatre étages. Si le zonage permet toujours la présence de commerces au rez-de-chaussée, la priorité est donnée à l’habitation. Même chose au coin de la rue Turnbull, où le stationnement de surface pourrait laisser sa place à un projet résidentiel. Pourquoi pas une nouvelle coopérative comme le revendique d’ailleurs le comité de requérants et requérantes du quartier? Seule ombre au tableau : la Ville ne répare pas complètement l’erreur commise lors de l’harmonisation du règlement de zonage sur l’îlot Saint-Michel (au coin de la rue de la Chevrotière). Elle coupe plutôt la poire en deux en autorisant une hauteur de six étages (20 mètres) pour un développement futur. Quelle vision d’ensemble? À quoi ressemblera la colline Parlementaire après l’adoption du PPU? Grâce à l’action et à la participation massive des résidants et résidantes du quartier tout au long de ce processus, on peut affirmer que Saint-Jean-Baptiste a évité le pire. Mais malheureusement, les pressions sur la trame urbaine (et ses habitants!) sont loin d’être terminées. L’encerclement du faubourg par les hôtels et les espaces de bureaux continue de se préciser, avec comme conséquence prévisible l’intensification de la circulation automobile et la privatisation accrue de l’espace public. Les changements les plus brusques se verront sur Grande-Allée, où la valse des démolitions et des constructions en hauteur se poursuit de plus belle. Si le PPU permet d’entrevoir quelques sites où le développement de logements sociaux reste envisageable, on peut se demander combien d’unités pourront être construites si la Ville continue de vouloir laisser le « marché » dicter sa loi. Les ménages à faibles et moyens revenus doivent trouver leur place dans les 800 nouveaux logements qu’on projette de construire. Au Comité populaire, nous estimons qu’il faut développer au moins 100 nouveaux logements coopératifs au cours des trois prochaines années. Une fois de plus, seules la vigilance et la mobilisation des citoyens et des citoyennes permettront de garder leur quartier vivant et à dimension humaine, un endroit où il y a de la place pour tout le monde. == Extrait du numéro de juin 2010 du journal l'Infobourg