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Par Graham Hay, résidant de la rue Saint-Joachim La Société immobilière du Québec (SIQ), qui est le bras immobilier du gouvernement du Québec, se propose d’ériger à Place Québec une tour à bureaux de 11 étages au-dessus de l’aile située au coin des rues Saint-Joachim et Honoré-Mercier (autrefois Dufferin-Montmorency). Comme cette aile compte déjà 5 étages, le projet de la SIQ aura pour conséquence de porter à 16 étages l’immeuble qui est destiné à loger 1 200 fonctionnaires du gouvernement du Québec.
La présentation publique du projet de la SIQ a eu lieu le 30 avril dernier, à l’occasion d’une séance du conseil de quartier. Tous les citoyens présents se sont opposés au projet. Le conseil l’a malgré tout approuvé, par un vote de trois conseillers contre deux. Le comité exécutif de la Ville de Québec a quant à lui approuvé la recommandation du conseil de quartier, et a chargé le conseil d’arrondissement de tenir une consultation auprès des personnes touchées par le projet. Toutefois, le processus de consultation est pour le moment retardé car, en raison du budget présenté par le ministre Séguin, le projet de la tour à bureaux serait « sur la glace ». Bien que la réalisation du projet soit suspendue, elle est loin d’être abandonnée. Nous devons donc continuer d’être vigilants, et faire pression pour que le gouvernement renonce définitivement à la construction de la tour de Place Québec. Car au cours des dernières décennies, le gouvernement a pris dans le quartier Saint-Jean-Baptiste une superficie considérable de terrain, il y a construit beaucoup d’édifices et y a amené un nombre plus que suffisant de personnes. Il doit maintenant cesser sa pression intolérable sur les résidants du quartier. De nombreux effets négatifs La tour projetée à Place Québec aura des effets immédiats dans l’environnement, reconnaissent eux-mêmes les représentants de la SIQ et l’architecte. Elle entraînera ainsi une perte d’ensoleillement et engendrera du vent au sol même si la SIQ a tenté de minimiser le fait au cours de la présentation publique du projet. La réfection du boulevard René-Lévesque a bénéficié d’un argument massue : l’élimination du mur « de la honte » qui séparait le quartier en deux. Or avec la tour à bureaux projetée, les immeubles déjà existants et les autres immeubles que certains voudraient construire, on est à préparer un mur d’édifices qui est déjà en train de couper le quartier en deux. La SIQ a-t-elle évalué, par ailleurs, les problèmes de circulation que son projet risquait d’entaîner? Ce secteur est déjà fort achalandé, tant à cause des véhicules privés que du transport en commun et des véhicules de livraison. Y amener quotidiennement 1 200 personnes de plus n’arrangera rien. Il semble étonnant de devoir le rappeler : l’avenue Honoré-Mercier et le boulevard René-Lévesque, même s’ils ont été refaits, ne débouchent pas, ou arrivent sur des voies ordinaires. Des bouchons de circulation se créent donc constamment et les automobilistes, pour tenter de les contourner, se répandent dans les voies étroites du quartier en créant d’autres bouchons. En ce qui concerne le transport en commun, c’est aussi la congestion. En effet, pour reconduire le matin et ramasser le soir les milliers de personnes qui travaillent sur la colline parlementaire, le Réseau de transport de la Capitale doit mobiliser un nombre considérable de véhicules qui soit repartent à vide le matin, soit arrivent sans passager en fin d’après-midi, et au total ajoutent aux bouchons de circulation. De plus, en raison du très grand nombre de passagers qui prennent l’autobus aux mêmes endroits, c’est la bousculade. On s’étonnera, ensuite, que les résidants de Québec ne fassent pas la file aux arrêts d’autobus! Se pressent dans le secteur, enfin, une multitude de véhicules de livraison. Le Centre des congrès a entraîné le transit d’un nombre considérable de véhicules lourds dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Eux aussi ajoutent aux problèmes de circulation : ils détériorent la chaussée, sont particulièrement bruyants et polluent l’air. L’existence de la tour à bureaux augmentera leur nombre car pour desservir la tour, les véhicules de livraison devront obligatoirement utiliser le débarcadère du Centre des congrès. Lorsque celui-ci fut construit, les autorités assuraient que les camions disposeraient d’une aire d’attente, qu’ils seraient appelés au fur et à mesure que se libérerait le débarcadère. Or on voit fréquemment les véhicules lourds attendre sur la rue Saint-Joachim, en double file et le moteur en marche. Quant à la Ville de Québec, son rôle semble particulièrement ambigu dans cette affaire. En effet, au lieu de protéger ses citoyens contre tous les inconvénients et nuisances provoqués par le projet de la tour à bureaux de Place Québec, elle donne l’impression d’en faire son propre projet. Compte tenu du refus unanime des participants à la présentation publique, la décision du conseil de quartier donne un goût amer à l’exercice. De plus, lorsque le gouvernement libéral a annoncé, dans la foulée du Discours du budget, son intention de réexaminer le projet, les autorités municipales ont menacé de mettre des affiches pour dénoncer la non-réalisation du projet. Il est à souhaiter que la Ville reprenne son bon sens le plus tôt possible et qu’elle défende enfin ses citoyens. Dans les années 90, la Ville était prête à chasser les fonctionnaires de l’édifice G pour y faire le Centre des congrès et un hôtel; aujourd’hui, ironiquement, elle semble croire que la présence de 1 200 fonctionnaires de plus dans le quartier changera mer et monde. Il est temps que les acteurs publics cessent de berner la population en disant que les projets tel celui de Place Québec sont faits pour « revitaliser le quartier Saint-Jean-Baptiste ». Le quartier a une forte vitalité malgré tous les assauts qu’il a subis. Ce qui fait sa vitalité, c’est sa population : les gens qui y résident et les petits commerçants qui s’y sont établis. Si les autorités veulent accroître la vitalité du quartier, elles doivent d’abord et avant tout favoriser l’habitation. Les projets comme ceux de Place Québec ne font que détériorer les conditions de vie et chassent les gens. Il ne faudrait pas que Saint-Jean-Baptiste devienne comme le Vieux-Montréal : un désert le soir et les fins de semaine. Le gouvernement a suffisamment pris aux gens du quartier au cours des dernières décennies. Il est temps qu’il reconnaisse ses erreurs et renonce définitivement à construire quoi que ce soit d’autre sur la colline parlementaire. Certes, on ne refait pas le passé, mais on peut penser mieux l’avenir. Toute personne intéressée à l’opposition à la construction de la tour de Place Québec peut communiquer avec le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste au 522-0454. == Extrait du numéro d'octobre 2003 du journal l'Infobourg.