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L’Infobourg a choisi d’ouvrir ses pages à un débat contradictoire sur un sujet chaud dans le quartier : l’avenir de l’îlot Irving, qui verra apparaître sur son site des condominiums. Cliquez ici pour lire le texte contre. TEXTE POUR Par Nicolas Lefebvre Legault et Mathieu Houle-Courcelles, militants et résidants de l’îlot Berthelot. « Oui » à un projet qui répond à une diversité de besoins Qu’est-ce que le faubourg Saint-Jean? C’est le quartier que nous habitons et que nous aimons passionnément. Un jour, il faudra se demander pourquoi on l’aime. Est-ce à cause de son cachet, de ses belles maisons entassées les unes sur les autres? De ses rues et trottoirs étroits et encombrés? De ses loyers plus chers et moins bien entretenus qu’ailleurs parce que plus prisés? Est-ce l’aménagement urbain qui rend notre quartier si agréable? Un peu, bien sûr, mais pas seulement. Ce qui nous fait aimer le faubourg, c’est sa vitalité, ce sont les gens qui l’habitent. C’est leur tolérance à une grande diversité de styles de vie, c’est la présence d’une mosaïque de minorités, de gens de toutes les classes et de toutes les origines. Ce sont les commerçants qui offrent une variété de produits et de saveurs que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ce sont ses bars, cafés et librairies, qui rayonnent sur toute la ville tout en étant résolument locaux. C’est la culture qui s’est installée à demeure. C’est la richesse et la qualité des rapports humains. De tout temps, la trame sociale du faubourg que nous aimons a été sous pression. Hier, on la détruisait pour faire de la place à l’administration publique issue de la Révolution tranquille. Puis, il y a eu l’industrie touristique. Plus récemment, ce fut la gentrification. La popularité du quartier fait pression sur les loyers et le prix des maisons, forçant plusieurs locataires moins fortunés à nous quitter pour d’autres cieux plus abordables. Historiquement, c’est l’accès à une propriété abordable pour la classe moyenne, les coopératives d’habitation et les autres logements sociaux qui ont assuré la mixité sociale du quartier. Aujourd’hui, le quartier est tellement populaire et vaut tellement cher que ceux et celles qui y vivent n’ont même plus les moyens d’y acheter une propriété et qu’il est de plus en plus difficile de développer de nouvelles coopératives d’habitation. Il faut le dire, l’équilibre social du quartier est très fragile. Depuis une décennie, la proportion de locataires a tendance à baisser au profit de propriétaires de condos. Les gens ordinaires trouvent de plus en plus difficilement leur place. En considérant que le quart des locataires du quartier engouffre la moitié de ses revenus pour se loger, il nous semble évident que le besoin le plus criant du faubourg est l’ajout de logements abordables. Pas que les propriétaires, notamment de condos, soient détestables, mais simplement pour ne pas rompre l’équilibre et pour que tout le monde y trouve son compte. Malgré quelques victoires et l’implantation récente de certains projets de logements sociaux, il se construit trois fois plus de condos que de logements abordables dans le quartier et ses environs. Cette croissance non maîtrisée (et qui pourtant respecte les règlements de zonage) est porteuse de grands bouleversements. C’est pourquoi il nous semble important de ne pas tourner le dos au seul projet immobilier qui prévoit actuellement à la fois des condos, des commerces et du logement social. Nous disons « oui » au projet de l’îlot Irving parce qu’il respecte le quartier en répondant à une diversité de besoins et en s’intégrant harmonieusement à la trame sociale. Tout le monde n’est évidemment pas de cet avis (voir ci-dessus). Certains disent s’opposer à la construction d’une « tour », voir d’un « monstre ». Il faudrait s’entendre : qu’est-ce qu’une tour? Peut-on vraiment parler d’une tour à propos d’une construction en paliers qui culmine à neuf étages? L’amalgame avec les « erreurs » du passé frise la démagogie. On ne construit plus comme dans les années 1970 : l’immeuble qu’il y aura sur l’îlot Irving n’aura rien à voir avec la tour Saint-Jean ou avec le Séjour. D’autres, parfois les mêmes, disent craindre la création d’un précédent. Pour être francs, nous l’espérons de tout cœur! En effet, nulle part en ville les coopératives n’arrivent à accoter la concurrence du privé dans la recherche de terrain. Tant mieux si l’on peut trouver une manière d’amener les promoteurs privés à faire de la place pour du logement social. Pensons seulement aux écoquartiers et aux projets immobiliers à Sainte-Foy ou ailleurs. Ne serait-il pas salutaire de pouvoir évoquer un précédent permettant d’éviter la création de ghettos de riches? Nous, ce que nous craignons, c’est la construction d’un immeuble respectant le zonage, mais contribuant à la gentrification du quartier. Croire que la Ville pourrait exproprier le promoteur et permettre un autre projet sur le site relève de la pensée magique. Théoriquement, c’est possible, mais certainement pas avec l’administration et la fonction publique actuelle. Dans le même ordre d’idées, il est complètement utopique de penser que le promoteur inclura du logement social dans son projet s’il n’obtient pas de modification au zonage. Comme il y aura un projet de condos sur le site de l’îlot Irving de toute façon, nous sommes d’avis qu’il faut saisir la fenêtre d’opportunité qui s’offre à nous et voter « oui ». Nous préférons un projet imparfait au plan du zonage, mais qui respecte les besoins et les valeurs du quartier, plutôt que de prendre le risque de voir se développer un projet de condos sans âme et sans logements abordables, comme on en voit tant au centre-ville. == Extrait de l'édition d'hiver 2012 du journal l'Infobourg