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L’Infobourg a choisi d’ouvrir ses pages à un débat contradictoire sur un sujet chaud dans le quartier : l’avenir de l’îlot Irving, qui verra apparaître sur son site des condominiums. Cliquez ici pour lire le texte pour. TEXTE CONTRE Par Marc Boutin et Gilles Simard, citoyens de la rue Lavigueur ayant vue sur les maisons d’en face et d’à côté, « égoïstes » et fiers de l’être! Non, c’est NON! Coop de logements intégrée ou pas, nous ne cautionnerons pas GM Développement et sa tour à condos! En traitant les signataires du registre (en décembre) d’égoïstes - cherchant ainsi à ramener leur action sur un plan bassement individualiste - le maire Régis Labeaume a très grossièrement tenté de dénaturer la portée de leur geste.1 Ainsi, on aura compris que c’est surtout le principe d’une défense des valeurs collectives reliées aux principes de base de l’aménagement urbain, qui aura motivé la majorité des opposants au changement de zonage. Un principe selon quoi l’aménagement urbain n’est pas plus important que le logement social, les deux étant même d’égale importance, voire inséparables. Toutefois, pour peu que l’on veuille d’une analyse qui soit juste et tienne vraiment compte de l’ensemble, les questions reliées à l’aménagement urbain devraient toujours être vues, selon nous, comme venant en amont des considérations entourant le mode de propriété. Cela établi, le maire Labeaume et sa conseillère (Chantal Gilbert) auront beau s’indigner et continuer à pousser leurs cris d’orfraie, le 5 février prochain nous allons encore une fois dire non au projet d’érection d’une tour d’habitation par GM Développement. Ce faisant, outre d’exprimer clairement notre désaveu à la politique de densification sauvage de la ville, nous mettrons fin à la prise en otage de la cause du logement social par un promoteur privé qui est réputé travailler d’abord et avant tout en fonction d’un certain establishment d’affaires.2 Comme quoi, nous avons beau nous aussi avoir le logement social à coeur, nous n’en pensons pas moins qu’une coopérative d’habitation n’a pas à servir de caution morale à une déréglementation qui, à cause du précédent, viendra déstabiliser le quotidien des gens du quartier. Sans compter, aussi, un déplorable effet domino pouvant amener d’autres promoteurs à faire de même dans d’autres quartiers. Donc, NON c’est NON! Des raisons pour dire non ! Primo, l’administration Labeaume se vante de bien faire en densifiant le centre-ville de Québec. Or, densifier le centre-ville c’est une chose, et vouloir densifier le faubourg Saint-Jean, c’est est une toute autre chose! À preuve, on n’a qu’à se rappeler que la densité du faubourg est de 18 000 personnes au kilomètre carré, et que cela tient lieu de record absolu au Québec et probablement au Canada! Partant, la densité moyenne du faubourg est trente fois plus élevée que la densité moyenne de la Ville de Québec. Donc, le quartier n’a pas besoin d’être densifié, et surtout pas avec des édifices en hauteur. En fait, s’il existe un besoin criant dans le faubourg, c’est bien tout le contraire de la densification tout azimut, soit plus d’espaces verts, plus de places publiques, etc. Deuzio, le faubourg Saint-Jean est un lieu à l’équilibre très fragile, protégé par des règlements de zonage qui défendent des valeurs urbaines et démocratiques. Ici, ces valeurs sont inscrites dans les formes construites du quartier : limites de hauteur pour respecter l’ensoleillement et les droits de vue entre voisins et aussi pour limiter les méfaits de la spéculation. Idem avec le rapport de surface plancher/terrain de 1/1 pour protéger les arrière-cours et pour freiner la densification à outrance. Donc, quand la Ville change ses propres règles pour favoriser un ou des promoteurs, qu’ils soient gros ou petits, c’est tout le quartier qui en souffre. À cet effet, les édifices en hauteur enclavés dans le faubourg que sont le Séjour, la Tour Saint-Jean et l’édifice du Bell sont des exceptions qui viennent confirmer le bien-fondé des règles. Et, malheureusement, ces verrues qui enquiquinent les voisins et les piétons, outre de produire des couloirs de vent et d’assombrir le quartier, viennent amplifier les effets nuisibles d’une circulation automobile déjà trop dense et d’une spéculation qui gangrène le marché immobilier du quartier. Tertio, nous pensons qu’en proposant le non-respect des règlements de zonage en vigueur, la Ville de Québec contrevient à son rôle fondamental... Un rôle, selon nous, qui consiste à faire cesser la surenchère sur tous les terrains du quartier - y compris celui de l’îlot Irving - et à procéder au besoin à des expropriations, favorisant ainsi des projets qui respectent le zonage et dont le quartier a vraiment besoin : projets de logement social, projets mixtes ou autres, aménagés autour d’espaces verts ou de places publiques avec des arbres. En clair : le quartier n’a pas à être pénalisé parce que le promoteur de l’îlot Irving a payé son terrain trop cher! Et surtout : GM Développement ne devrait pas être récompensé pour avoir spéculé sur le dos de la qualité de vie du quartier! Quatro, si le quartier Saint-Jean Baptiste est aujourd’hui porteur d’une tradition de luttes urbaines riche en victoires - la rue Saint Gabriel, l’îlot Berthelot, les coopératives du Couvent du Bon-Pasteur, etc. - c’est d’abord et avant tout parce ses résidants ont toujours su éviter de dissocier l’aménagement urbain du logement social en matière d’analyse et de stratégies de luttes... De sorte que dire oui aujourd’hui au projet de tour de GM sous le fallacieux prétexte qu’il concède trois étages pour une coopérative d’habitation, outre d’aller à rebours d’une tradition gagnante, serait pour nous une grossière et grave erreur pour les luttes urbaines à venir. Et des luttes, Dieu sait qu’il y en aura! 1 Dans son délirant prêchi-prêcha, Régis Labeaume laissait notamment entendre que les opposants au projet d’une tour - entre autres les résidants de Turnbull et Lockwell - étaient de « vilains » égoïstes qui n’en avaient que pour leur petite vue sur les Laurentides (sic)... 2 S’agissant du débat entourant la venue d’un site d’injection supervisé à Saint-Roch, n’est-ce pas le tandem Campeau-Marcon qui dénonçait - avant de se récuser par la suite - le trop grand nombre d’organismes communautaires au centre-ville de Québec?! == Extrait de l'édition d'hiver 2012 du journal l'Infobourg