Un principe à défendre
Photo: Étienne Grandmont

Un dossier spécial du FRAPRU :
Le logement social dans les écoquartiers : un principe à défendre
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Le PPU du plateau centre : un beau programme pour Sainte-Foy?
L’inclusion obligatoire de logement social
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Au cours des prochaines années, d’importants projets immobiliers verront le jour dans Saint-Roch et Limoilou. Pilotés par la Ville de Québec, les écoquartiers de la Pointe-aux-Lièvres et de la Pointe-D’Estimauville offriront de l’habitation et des espaces commerciaux sur des sites aujourd’hui à l’abandon. Leur particularité, par rapport à d’autres projets résidentiels, c’est que la ville souhaite que ces nouveaux quartiers soient exemplaires au niveau du «développement durable».

Le développement durable est un terme à la mode, associé aux principes d’écologie et respect de l’environnement. C’est ce que propose la Ville de Québec dans ses écoquartiers lorsqu’elle insiste sur une densification de l’habitation, la mixité des fonctions (résidentielle et commerciale), la proximité des réseaux de transport en commun et un aménagement qui favorise les déplacements à pied et à vélo. Toutefois, une dimension importante de ce concept est laissée pour compte. En effet, l’aspect social de ces nouveaux quartiers reste très flou, au point où l’on peut se demander si l’on verra se construire autre chose que des copropriétés et des maisons de villes dans ces nouveaux développements. Les écoquartiers seront-ils autre chose que des ghettos «verts» pour les plus fortunés?

Des demandes citoyennes

Pour s’assurer que de l’habitation répondant aux besoins des locataires à faible et moyen revenus soit développée dans les futurs écoquartiers, plusieurs groupes de citoyens réclament que la ville se dote d’une véritable politique d’inclusion de logements sociaux. C’est notamment le cas du conseil de quartier Saint-Roch, qui a pris position en ce sens dès 2010. Comme la Ville jouera un rôle majeur dans le développement de ces projets en y investissant des sommes considérables pour en assurer la viabilité, il est tout à fait normal qu’on puisse trouver dans les écoquartiers des logements sociaux en nombre suffisant.

Pour y arriver, les groupes membres du FRAPRU revendiquent qu’on réserve 30% de l’espace disponible à la Pointe-aux-Lièvres et à la Pointe-D’Estimauville pour la construction de logements sociaux. Actuellement, la Ville fait la sourde oreille à cette demande et privilégie des projets mixtes où des entrepreneurs privés s’associent avec des groupes de requérantes et requérants pour soumettre des projets clé en main. En évitant de se donner des cibles plus claires, on risque de se retrouver avec une situation comparable à celle du seul autre « écoquartier » qui s’est développé à Québec, la Cité verte, situé dans le quartier Saint-Sacrement. Construit par le groupe financier SSQ, la Cité verte ne prévoit la construction que de 40 logements sociaux, soit à peine 5% du total des unités sur ce site.

Faire du développement durable une réalité

Pour éviter que ce scénario ne se reproduise dans Saint-Roch et Limoilou, où plus de 2 600 unités doivent être construites au cours des prochaines années, la Ville de Québec doit changer rapidement de cap pour s’assurer que les écoquartiers répondent aux besoins des locataires des secteurs environnants. On doit cesser d’élaborer ces projets de développement comme des bulles coupées de la trame urbaine, mais plutôt comme l’extension des quartiers déjà existants. À défaut de quoi, les écoquartiers ne seront rien d’autre qu’une illusion, destinée à vendre un cadre de vie alternatif au plus offrant.

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Extrait du dossier spécial du FRAPRU «La ville change» publié dans le numéro de printemps 2012 du journal l'Infobourg

Le logement social dans les écoquartiers