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Des propositions pour avancer dans la bonne direction Par Émilie Benoît-Beaulé et Jonathan Blais-Boilard * Au printemps 2011, la Ville de Québec procédait à des consultations publiques sur son projet de Vélo boulevard, un parcours reliant la colline Parlementaire à l’Université Laval. Depuis, la Ville a procédé à quelques aménagements afin de rendre ce projet plus concret, non sans soulever la controverse. En jetant un regard sur ce qui est prévu en tant qu’itinéraire cyclable partagé dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, on note plusieurs lacunes, notamment le tracé empruntant l’avenue Turnbull et la rue Saint-Olivier. Illustration : Émilie Benoît-Beaulé
Quelle place pour les vélos? Les rues étroites du quartier (d’Aiguillon, Richelieu, Saint-Olivier) ne permettent pas aux automobilistes d’effectuer un dépassement sécuritaire lorsqu’ils rencontrent un vélo. Il arrive régulièrement que des voitures se retrouvent à suivre des cyclistes d’un peu trop près et cette situation est à la fois inconfortable pour le cycliste et l’automobiliste. Le cycliste ne se sent pas à sa place et il se sent vulnérable en raison du peu d’espace de manœuvre lorsqu’une voiture tente de le dépasser. Une signalisation claire et facilement repérable indiquant qu’une partie de la voie est réservée en priorité aux cyclistes aiderait sans doute les deux parties à partager la route sans équivoque. L’entièreté du trajet du Vélo boulevard de Saint-Jean-Baptiste devrait être munie d’une signalisation claire et visible. Pour le moment, aucun panneau n’indique la présence de vélos dans le quartier. Un marquage continu au sol d’une couleur vive, avec une ligne blanche pointillée, donnerait un espace prioritaire désigné aux cyclistes sans empêcher les voitures d’y circuler. Ce corridor marqué au sol affirmerait avec force que le cycliste est un usager à part entière de la voie publique. Réduire la vitesse La vitesse actuelle sur le trajet est de 50km/h. Cette vitesse est deux fois supérieure à celle d’un cycliste. Avec un rapport d’échelle et de vitesse qui avantage la voiture, il est insécurisant pour un cycliste de rouler sur une voie rapide où il sent les voitures ralentir derrière lui. La limite de vitesse gagnerait à être réduite à 30 km/h, une vitesse qui se rapproche de celle des cyclistes et qui diminuerait la possibilité d’accidents tout en augmentant le sentiment de sécurité. Cette vitesse réduite inciterait également le vélo familial, tout en représentant une mesure de modération de la circulation automobile dans le quartier.
Des propositions pour améliorer la situation Illustration : Émilie Benoît-Beaulé (cliquez sur l'image pour aggrandir) En ce qui concerne le tracé, nous suggérons que la piste en direction est emprunte le côté nord de la rue Saint-Jean, plutôt que la rue Saint-Olivier, et que la piste direction ouest emprunte la rue Richelieu, comme il a été prévu. Cette piste se continuerait jusqu’à la côte de Salaberry pour remonter jusqu’au centre Frédérick Back et rejoindre le Vélo boulevard dans Montcalm. Le tracé s’implanterait à la gauche ultime sur la rue Saint-Jean puisque avec le faux plat descendant, les portes de voitures stationnées créent un danger important à droite. Les zones de débarcadères pourraient être déplacées du côté droit, comme sur la rue Saint-Jean à l’intérieur des murs du Vieux-Québec. Sur la rue Richelieu, les stationnements plus stables et le faux plat ascendant permettraient un tracé au centre de la chaussée, marquant ainsi le partage de la chaussée entre cyclistes et automobilistes. Ces deux tracés créeraient une voie cyclable sécuritaire qui se déplace toujours dans le même sens que la circulation automobile. Sur la côte de Salaberry, il serait possible de marquer au sol un endroit strictement réservé aux cyclistes, comme il a été fait sur la Pente douce. À notre avis, le tracé empruntant la côte Turnbull doit être abandonné, car la pente sur cette rue est trop abrupte pour le cycliste moyen. Un impact positif pour notre quartier Faire passer le Vélo boulevard sur les rues Saint-Jean et Richelieu apporterait plusieurs avantages et renforcerait le caractère du quartier de plusieurs manières. Nous suggérons de faire passer le tracé cyclable sur des rues avec lesquelles il entrerait en dialogue pour participer à la dynamique du quartier, dynamique à la fois sociale, culturelle et commerciale. Selon nous, il est impératif que le circuit cyclable soit implanté sur la rue Saint-Jean. Cette rue représente le cœur du quartier et l’un des endroits les plus vivants de la ville de Québec. D’y diriger les cyclistes renforcerait l’image active et le pouvoir attractif du quartier et de la ville. Il est bon de donner plus de visibilité aux transports alternatifs qu’à la voiture afin de montrer au plus grand nombre qu’il est possible de se déplacer autrement et ainsi d’inciter les gens à modifier leurs habitudes de déplacements. Il est également important d’accorder de la place à ceux et celles qui font le choix des transports actifs pour montrer notre appui et notre implication pour une ville plus saine. La rue Saint-Olivier ne créerait pas cette visibilité et cette accessibilité essentielles à l’instauration d’une culture du vélo dans la ville de Québec. De plus, faire passer les cyclistes sur une artère commerciale comme la rue Saint-Jean apporterait davantage de clients aux commerces du quartier. Les cyclistes et les piétons sont beaucoup plus susceptibles de s’arrêter que les automobilistes, étant donné qu’ils se déplacent à une vitesse inférieure et qu’ils ne sont pas dépendants d’une place de stationnement. Le Faubourg Saint-Jean et ses commerces furent construits à l’échelle du piéton. Ses vitrines et ses affiches sont davantage adaptées au regard des passants qu’à celui des conducteurs, qui ont déjà beaucoup de choses à regarder. À noter qu’il y a deux ateliers de vélo dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, soit Bicycles Falardeau sur la rue Richelieu et Vélo Roy-o sur la rue Saint-Jean. Les cyclistes gagneraient à avoir accès à ces services de réparation et d’entretien directement à partir du tracé cyclable. En conclusion, nous ne pouvons pas négliger la portée sociale des moyens de transport alternatifs à la voiture. Le vélo permet de conserver une proximité entre les gens par la possibilité d’échanger plus qu’un regard ou un geste de la main. L’identité du quartier Saint-Jean-Baptiste est axée sur les échanges sociaux et sur la mixité sociale. Le vélo est un mode de transport qui pourrait participer à cette identité, tout en renforçant son caractère distinctif et dynamique. * Membres du comité aménagement-urbain du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste. == Extrait du numéro du printemps 2012 du journal l'Infobourg