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Le passé est-il garant de l’avenir? Qu’en est-il de notre présent? Une fois de plus, des tendances contradictoires assaillent le faubourg Saint-Jean-Baptiste. Entre la gentrification, la touristification et la résistance populaire, de quoi sera fait notre avenir? « Plateau Mont-Royal » de Québec, Disneyland à touristes ou quartier résidentiel, diversifié et populaire?? La question est encore et toujours ouverte, comme le démontre une simple promenade dans le quartier. Texte : Nicolas Lefebvre Legault Photos: Emilie Baillargeon / Les Déclencheurs
Coin Salaberry et chemin Sainte-Foy, on érige de nouvelles « résidences de luxe » pour personnes agées. Avouez que ça ressemble à un HLM de riches! La différence, c’est qu’il ne s’est plus construit de vrai HLM depuis 1994. L’îlot Irvin, coin d’Aiguillon et Saint-Jean, demeure un stationnement en attendant qu’un développeur trouve assez de fric pour décontaminer le terrain. Il y a deux ans, on a échappé au projet de condos de luxe, le promoteur s’étant cassé les reins en chemin, mais rien n’est sur la table pour l’instant. La Ville, qui se targue de vouloir faire disparaître les verrues urbaines, ne pourrait-elle pas prendre en charge la décontamination et céder le terrain à une coopérative d’habitation? Ça compenserait un peu pour les logements abordables que le quartier perd au profit des « couette & café »... Qu’en pensez-vous Mme Cloutier? Cet édifice, coin Sutherland et Saint-Jean, est de propriété publique, autrement dit c’est un HLM (un vrai celui-là). Il n’y en a que deux dans le quartier (trois pour toute la haute-ville). Dans ces logements, réservés aux ménages à faible revenu, les loyers sont calculés pour ne pas excéder 25 % du revenu des locataires. Le Comité populaire revendique depuis des années la création d’un nouveau programme permettant la création de 500 logements publics par année dans la ville de Québec. Avec la crise du logement, il nous semble que ce ne serait pas un luxe. Cette magnifique petite maison à tourelles, la « porte du faubourg » d’après le conseil de quartier, a récemment été rénovée à grand frais pour être transformée en « couette & café » comme des dizaines d’autres maisons des rues Saint-Jean et d’Aiguillon. À chaque fois, c’est autant de logements abordables que perd le quartier au profit de la touristification. Le plus enrageant, c’est que la majeure partie du financement venait de subventions municipales (dont des dizaines de milliers de dollars, cadeau du conseil de quartier). Autrement dit, les résidants de Saint-Jean-Baptiste paient pour détruire les rares logements abordables de leur quartier! Sur la rue Saint-Gabriel, les résidants se sont battus, il y a 25 ans, pour éviter la destruction de leurs maisons. Aujourd’hui, ce sont des coopératives d’habitation qui trônent dans ce secteur. Le quartier compte plus de 500 logements coopératifs. Ces logements permettent aux locataires de ne pas payer trop cher de loyer et d’avoir un contrôle direct sur leur environnement. Les plus vieilles coopératives d’habitation fêtaient leur 25e début septembre. Est-ce encore là la voie de l’avenir? == Extrait du numéro d'octobre 2003 du journal l'Infobourg.