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Par Nicolas Lefebvre Legault Avoir faim en Haute-Ville, c’est pas de la tarte. C’est ce que L’Infobourg a pu constater le 20 novembre dernier lors du dévoilement d’une étude sur les besoins de soutien alimentaire dans les quartiers de la Haute-Ville. La Haute-Ville victime de son image Vieux-Québec, Cap-blanc, Saint-Jean-Baptiste, Montcalm, Saint-Sacrement, le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’associe pas spontanément ces quartiers à la pauvreté, encore moins à la faim. Pourtant, derrière son image de repère de bourgeois, comme dirait le maire, la Haute-Ville cache des poches de pauvreté importantes. Assez importantes en tout cas pour justifier amplement plus de 4 390 interventions individuelles de soutien alimentaire par mois dans une quinzaine d’organismes. Les préjugés ayant la vie dure, les organismes communautaires ont de la difficulté à faire financer leurs services et à se développer. Paradoxalement, le « milieu de la faim » est un milieu relativement clôt en Haute-Ville. Les services sont peu connus, y compris du personnel intervenant des organismes, et s’adressent souvent à une population définie et restreinte. Il faut soit fréquenter un organisme communautaire pour y avoir accès ou présenter une caractéristique spécifique. Ainsi, sur les neufs distributions alimentaires recensées, seulement trois sont ouvertes à tous et à toutes, à condition de demeurer dans la paroisse. Plus inquiétant, le Collectif Caméléon a pu constater que les organismes n’étaient pas imperméables aux préjugés. Ainsi, les « nouveaux pauvres », c’est-à-dire des personnes qui « n’ont pas le profil » parce qu’elles sont effectivement issues de milieux aisés, semblent devoir faire face à plusieurs préjugés et frustrations (on leur demande régulièrement de « montrer patte blanche » et de prouver leur pauvreté). En croisant diverses données, les auteurs de l’étude remarquent que ce sont les familles nombreuses qui semblent vivre les expériences les plus difficiles. La situation des personnes seules, qui doivent souvent passer en dernier, est également déplorable. L’étude dévoile un manque de ressources communautaires et de services de soutien en Haute-Ville par rapport à la pauvreté qui y est vécue. Le constat de l’équipe de partenaires et des participants à l’étude est que la pauvreté dans ces quartiers est maintenue insivisible et que les instances gouvernementales délaissent ces secteurs de la ville. Malgré la présence de 17 organismes qui dispensent des services d’aide alimentaire sur le territoire, la moitié des répondants et répondantes à l’étude ne mangent toujours pas à leur faim. Du côté des organismes, on déplore le manque de financement et le manque de ressources humaines, soit les deux principales contraintes au maintien des services. Du côté des individus, on déplore des horaires peu pratiques et la faible quantité d’aliments frais. S’il devait y avoir développement, les organismes affirment qu’ils cibleraient les cuisines communautaires et les dépannages d’urgence (certains parlent même d’une épicerie communautaire), tandis que les personnes souhaiteraient que les solutions ciblent les distributions alimentaires et les bons d’épicerie. Une recherche action participative Quels sont les besoins des personnes touchées par l’insécurité alimentaire en Haute-Ville qui demeurent non satisfaits par l’offre actuelle en aide alimentaire? Quels sont les obstacles au développement d’un réseau de soutien en Haute-Ville qui permettrait à notre communauté d’atteindre une pleine sécurité alimentaire? Voici les deux grands questionnements qui ont motivé la mobilisation d’un comité d’action et de recherche sur la sécurité alimentaire en Haute-Ville. Ce comité est né au sein du Collectif Caméléon, un regroupement de partenaires intersectoriels œuvrant sur le territoire de la Haute-Ville de Québec. L’étude était basé sur le principe de « recherche action participative », une formule qui se construit avec les gens et qui intègre les principes du « par et pour ». L’approche, principalement qualitative, comprenait la réalisation d’un questionnaire, rempli par 72 personnes utilisant les services et 15 organismes les dispensant, ainsi que d’entretiens en profondeur avec des groupes plus restreints.
Faim : le gouvernement ne prend pas ses responsabilités Lors de sa récente visite, le rapporteur spécial des Nations-Unies (ONU) pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, évaluait que deux millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire au Canada, soit 10 % de la population. Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire ? Pour la ville de Québec, le portrait n’est guère plus réjouissant, puisque les plus récentes recherches du Groupe d’études en nutrition publique de l’Université Laval démontrent qu’un ménage sur 20 est en insécurité alimentaire modérée ou sévère, ce qui signifie qu’il a un accès insuffisant ou incertain aux aliments par manque de ressources financières. L’équipe de recherche ajoute que le gouvernement se fie, dans une certaine mesure, aux organisations d’aide alimentaire qui forment le principal soutien disponible pour les personnes aux prises avec la faim dans la ville de Québec, puisque les travailleurs sociaux et des organisations comme les CLSC y réfèrent régulièrement des clients pour de l’aide alimentaire. Cette recherche décrit un problème structurel, et même culturel, soit le fait que le gouvernement délègue aux organisations caritatives et communautaires le fardeau d’apaiser la faim des personnes en situation de pauvreté, sans même leur accorder le financement nécessaire pour remplir ce mandat. S’étant doté en 2002 d’une loi visant à lutter contre la pauvreté au Québec et ayant adhéré en 1976 au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les gouvernements du Québec et du Canada ne prennent pas leurs responsabilités en matière de droit à l’alimentation. Source : Perron-Dufour, Geneviève. Évaluation des besoins de soutien alimentaire dans les quartiers centraux de la Haute-Ville, Québec, Collectif Caméléon, 2012, 37 p. == Extrait du numéro d'hiver 2012 du journal l'Infobourg