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Un modèle essentiel, insuffisant… et imparfait S’il y a un consensus qui se dégage du passage à Québec de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, c’est sur l’importance du logement social. Tout le monde a souligné qu’il n’y en avait pas assez et qu’en conséquence, il fallait en construire plus. Un locataire a témoigné avoir attendu dix ans sur une liste d’attente de HLM ou d’autres logements subventionnés avant d’avoir finalement un logement dans une coopérative. « Il y a des condos, mais pas du logement auquel on aurait accès. Ça prend des logements sociaux », a dit une locataire « à petit budget » de la Haute-Saint-Charles.
La revendication du FRAPRU de construire 50 000 logements sociaux de plus au Québec sur cinq ans n’apparait pas du tout radicale ou extravagante aux différents intervenants de terrain. Le coordonnateur de la Coalition pour le développement du logement social en santé mentale explique : « Il y a un besoin urgent de 1 000 unités subventionnées à Québec pour les personnes avec des problèmes de santé mentale grave. Il se construit 400 unités par année à Québec, dont 200 unités subventionnées. 10 % de ces unités sont réservées pour la santé mentale, ce qui représente 20 unités par an. Ça prendrait donc 50 ans pour pallier les besoins les plus urgents. Donc, oui, nous appuyons la revendication du FRAPRU de 50 000 nouveaux logements sociaux. » Critiques Les groupes et les locataires n’ont toutefois pas épargné les différentes formules de logement social dans leurs critiques et ont amené plusieurs propositions pour l’améliorer. Ce qui ressort de nombreux témoignages entendus, c’est que l’Office municipal d’habitation de Québec (OMH) se comporte souvent comme un gros propriétaire immobilier. Les groupes de femmes, notamment, en avaient long à dire. Des militantes du Centre des femmes de la Basse-Ville soulignent qu’elles entendent autant d’histoires d’horreur de locataires du privé que de locataires de HLM. Dans le cas des HLM, les femmes disent que le processus de demande de logement est compliqué et que les règles ne sont pas toujours limpides. Elles revendiquent notamment le droit d’être accompagnées dans leurs démarches et lancent un cri du cœur : « Nous ne sommes pas des numéros! » Du côté de Rose du Nord, les militantes revendiquent le droit de choisir leur logement, ce qui est impossible actuellement. Toutes s’entendent pour dénoncer la gestion bureaucratique de l’OMH et son manque de considération pour les situations personnelles vécues par les locataires, notamment au moment des transferts forcés de logement. Le logement social « ordinaire » est peu adapté à des populations « extraordinaires ». Que ce soit le RAIIQ, qui souligne que la moitié des personnes en situation d’itinérance ne rencontrent pas les critères pour avoir accès aux coopératives d’habitation et aux OSBL, ou la Coalition pour le développement du logement social en santé mentale, qui rappelle que les personnes avec des problèmes de santé mentale n’ont pas le profil recherché par ces types de logements, plusieurs groupes s’entendent pour dire qu’il faut recommencer à construire des HLM, mais aussi à développer de nouvelles formules d’habitation avec soutien communautaire. Le RAIIQ lorgne du côté de la socialisation des maisons de chambre, tandis que la Coalition expérimente avec les coopératives de solidarité. Certains intervenants ont même souligné l’importance de permettre aux personnes de rester dans leur logement avec des suppléments au loyer privé (une revendication que le FRAPRU rejète par principe). « Les personnes avec des problèmes de santé mentale, par exemple, n’ont pas nécessairement envie de porter une étiquette de plus liée au type de logement qu’elles occupent », rappelait un intervenant. Formation Un locataire ayant travaillé à la mise sur pied de deux coops a pour sa part parlé aux commissaires de l’importance d’améliorer le programme AccèsLogis et la mise en œuvre des projets. Selon lui, il faut éviter de faire des projets sans implication des locataires en amont. Il s’agit d’une source de problèmes pour nombre de coopératives conçues par des personnes qui, bien souvent, ne les habiteront jamais et dont les membres ont été sélectionnés après la construction des logements. Comme d’autres intervenants, la CDEC notamment, il a plaidé pour une meilleure formation donnée aux membres des coopératives avant l’entrée dans les logements et que cette formation soit obligatoire. « Une coop ce n’est pas juste une idée, mais une manière de gérer collectivement, de prendre le contrôle sur une dimension de sa vie ». Il a notamment dénoncé certaines normes et demandes des bailleurs de fonds qui font que les coops sont faites avec les matériaux « les plus cheaps possible », alourdissant ensuite le fardeau de l’entretien pour les coopératives.
La rareté des terrains Un obstacle majeur au développement La rareté des terrains bien situés est une préoccupation récurrente, et ce, tant pour les groupes du centre-ville que pour ceux de Beauport et de Sainte-Foy. Bien que le développement du logement social soit nécessaire dans tous les secteurs, comme l’a rappelé une organisatrice communautaire au CSSS de la Vieille-Capitale, les difficultés pour développer des logements répondant à tous les types de besoins et dans tous les secteurs sont nombreuses. En plus des difficultés à trouver des terrains, le phénomène du « pas dans ma cour » fait la vie dure aux projets de coopératives pour familles dans certains quartiers de banlieue, comme en a témoigné un groupe de citoyennes et de citoyens de la Haute-Saint-Charles. À l’origine d’un projet de coopérative pour personnes seules et familles, ce groupe a vu son projet remplacé par des logements pour personnes âgées en raison des préjugés du voisinage.
L’angoisse des fins de convention La fin prochaine des subventions du gouvernement fédéral aux locataires vivant dans des logements sociaux existants fait aussi vivre des situations d’angoisse à des locataires qui avaient pourtant amélioré leur condition. Un membre d’une coopérative du quartier Saint-Roch, laquelle sera touchée à très court terme et dont le loyer passera de 325 $ à 650 $ par mois, se questionne : « Où vais-je vivre dans 4 ans, à 53 ans? Je ne le sais pas. Où va-t-on aller, nous? Grossir les rangs des personnes sur la liste d’attente de l’OMH? » Dans Saint-Jean-Baptiste, le Comité populaire et le Centre Famille Haute-ville ont tous deux souligné que si les logements subventionnés des coopératives d’habitation devaient disparaitre, c’est la face même du centre-ville qui changerait. == Extrait de «L'autre visage de Québec», un dossier du FRAPRU et de ses groupes membres à Québec.