- Accueil
- À Propos
- Journal l'Infobourg
- Campagnes
- Rue Saint-Jean
- Urgence d'occuper !
- 30 km/h dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste
- Rues partagées
- Patro Saint-Vincent-de-Paul
- Tourisme et Airbnb
- Coopérative d'habitation La Contrescarpe
- (Archives) Rues partagées : rue Sainte-Claire
- (Archives) Boucherie Bégin
- (Archives) Coopérative La face cachée
- (Archives) Défendons nos logements sociaux
- (Archives) Pédaler dans le quartier
- (Archives) Circulation de transit D'Aiguillon
- (Archives) Coop l'Escalier
- Nouvelles
- Soutien aux initiatives
- Documentation
Par Nicolas Lefebvre Legault Depuis le 27 février, les groupes sociaux sont sur le pied de guerre contre les coupes budgétaires à l’aide sociale. Rassemblements et manifestations dans une dizaine de villes, dépôt d’une pétition de 16 000 noms à l’Assemblée nationale, occupations et actions diverses : tous les moyens furent bons pour faire passer le message. Plusieurs acteurs (partis d’opposition, Commission des droits de la personne, Protectrice du citoyen et directeurs de la santé publique) y sont allés de leurs commentaires, tous très critiques. Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement continuait toutefois de faire la sourde oreille.
Des coupes à l’aide sociale Agnès Maltais a annoncé en catimini, le 27 février dernier, des coupes budgétaires à l’aide sociale. La ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, également députée de Taschereau, s’attaque ainsi aux personnes de 55 à 57 ans et aux familles ayant un enfant de 5 ans et moins. Jusqu’à maintenant, l’État reconnaissait que ces personnes faisaient face à des difficultés particulières pour (ré)intégrer le marché du travail et, en conséquence, leur reconnaissait d’office une « contrainte temporaire à l’emploi » qui se traduisait par une bonification de 129 $ par mois de leur prestation de base. Prenant pour prétexte une modification du marché du travail, la ministre abolira cette mesure à compter du 1er juin 2013 et la remplacera par la promesse vague d’un parcours de réinsertion. Il n’y a pour l’instant aucun détail sur ce parcours : est-ce que tout le monde y aura droit? Qu’est-ce qui se passera si au bout du parcours la personne ne s’est pas trouvé d’emploi? Ce qui est certain, c’est que des milliers de personnes n’auront plus droit à la bonification automatique de 129 $. Dans la foulée, la ministre s’en prend également aux personnes suivant une cure de désintoxication, qui elles aussi recevaient une prestation spéciale. La durée de cette prestation sera arbitrairement réduite à six mois, alors qu’auparavant elle était allouée aussi longtemps que nécessaire. Lutter contre la pauvreté ou contre les pauvres? Ces coupes budgétaires interpellent le Comité populaire, qui s’est joint à une coalition ad hoc contre les coupures. Premièrement, il est loin d’être certain que les personnes assistées sociales dans la cinquantaine puisse réintégrer le marché du travail en criant ciseau (ni, d’ailleurs, que les employeurs veulent les embaucher). Deuxièmement, il est évident pour toutes les personnes de bonne foi que la prestation de base actuelle de l’aide sociale, soit 604 $ par mois pour une personne seule dite apte au travail, est nettement insuffisante. Un montant aussi ridiculement bas maintient les gens dans la misère et les force à mobiliser toutes leurs énergies dans des démarches de survie. L’expérience de la bonification progressive de la situation des familles depuis une dizaine d’années prouve que c’est en augmentant le revenu disponible jusqu’à un niveau décent que l’on libère les énergies nécessaires pour s’en sortir. Les familles sont le groupe que le gouvernement a le plus aidé et, comme par hasard, c’est aussi le groupe dont la proportion bénéficiant de l’aide sociale a diminué le plus rapidement. À la limite, vouloir favoriser la (ré)insertion au travail des personnes dans la cinquantaine et leur donner un coup de main spécifique et plus soutenu pourrait être correct. L’ennui, c’est que les politiques d’austérité contaminent la démarche. Si la ministre s’était contentée d’offrir des parcours vers l’emploi ciblé, personne ne l’aurait critiquée. Ce qui est odieux, c’est de couper les gens en surfant sur les préjugés, puis de se rattraper en disant : « Mais on va leur offrir un parcours. » Le jupon de la commande de coupes budgétaires du ministère des Finances dépasse un peu trop. C’est d’autant plus odieux qu’en parallèle, le gouvernement Marois a reculé lamentablement quand est venu le temps de demander aux riches et aux compagnies de faire un effort et de contribuer un peu plus au trésor public. == Extrait du numéro du printemps 2013 du journal l'Infobourg