Par Fabienne Pion 

On va pas se mentir, cette année, les pourcentages du Tribunal administratif du logement (TAL) en ce qui concerne les hausses de loyer sont particulièrement élevés. Avec une hausse possible de 5,9 % pour les logements non chauffés, cela signifie qu’un logement à 1 000 $ pourrait augmenter d’au moins 59 $ en 2025, et ce, sans que cette hausse soit indiquée abusive par le TAL. Cela est sans compter les autres aspects à prendre en compte pour le calcul des hausses, comme les taxes municipales et les réparations majeures, entre autres. Considérant qu’en 2021 un locataire sur quatre payait déjà trop cher pour son logement, cela nous permet de nous questionner sur l’effet que ce pourcentage aura sur les ménages cette année. 

En plus, ces pourcentages impressionnants s’inscrivent clairement dans le contexte de la crise du logement que nous vivons depuis déjà plusieurs années. En effet, selon le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation est présentement de 0,9 % pour le Québec, qui est le plus bas depuis les 15 dernières années. Rappelons-le, pour avoir un marché locatif considéré comme étant équilibré, ce taux devrait être de 3 %, selon la Ville de Québec. On en est bien loin. En plus, le loyer moyen à Québec a subi une augmentation de 11,7 % entre octobre 2023 et octobre 2024, ce qui situerait le loyer moyen pour un logement de deux chambres à 1040 $ par mois. Donc, des logements, il en manque et ceux qui se libèrent sont de moins en moins accessibles financièrement. 

Des solutions ? 

Ce portrait de la situation peut vous sembler décourageant, mais ne perdez pas espoir, des solutions existent, que ce soit au niveau individuel ou collectif ! 

Sur le plan individuel, il existe quelques avenues possibles, la plus connue étant de refuser sa hausse. En effet, votre propriétaire ne peut pas augmenter le loyer de votre logement comme il le désire. Cette pratique est encadrée et il est possible d’estimer jusqu’à combien votre loyer peut augmenter sans que cela soit considéré comme étant abusif. Ensuite, c’est à vous de décider si vous acceptez ou refusez cette hausse. Il est important de préciser que refuser est un droit reconnu par la loi et qu’il n’est pas possible d’être évincé pour cela. Cependant, le refus peut engendrer un processus, donc si cela vous intéresse, je vous invite à communiquer avec le Compop pour plus d’informations ! 

Une autre solution, plus collective cette fois-ci, serait le gel des loyers. L’idée derrière ce concept est la diminution des effets de la crise et des hausses fulgurantes en attendant qu’un véritable contrôle des loyers obligatoire, universel et équitable soit mis en place. De fait, le 30 janvier dernier, une action a eu lieu dans l’entrée de l’édifice Marie-Guyart à Québec, où se trouvent les bureaux de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Cette action, organisée par la Coalition de Québec contre les hausses de loyer, avait pour objectif de dénoncer l’inaction du gouvernement et de la ministre face à l’explosion des loyers. 

Une autre solution serait la socialisation du parc locatif. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) décrit la socialisation comme étant le « processus de progression de la place occupée par le logement social au sein du parc locatif ». Le logement social inclut les habitations à loyer modique (HLM), les organismes à but non lucratif (OBNL) d’habitation et les coopératives d’habitation. En bref, cela permettrait d’offrir une alternative au privé, qui est présentement la seule option possible pour plusieurs ménages. Donc en plus d’offrir des logements moins dispendieux, cette option permet de freiner la spéculation et aide à ralentir la hausse du loyer moyen. 

Finalement, même si les prochaines années seront probablement difficiles pour les locataires, il est important de se rappeler que nous pouvons changer les choses en faisant respecter nos droits individuels ou en demandant un changement du système. 

Année catastrophique pour les locataires