Par Fabien Abitbol

Dans une note publiée en avril, Statistique Canada relève que certaines catégories de population sont plus susceptibles que d’autres de faire l’objet d’une expulsion locative.

« Les personnes récemment expulsées ont tendance à être plus jeunes, à avoir des difficultés financières et à faire peu confiance aux autres », note l’organisme fédéral.

Parmi les principales raisons invoquées par la personne propriétaire pour l’expulsion, il y a la reprise du logement pour s'y loger elle-même (30 %), la vente de la propriété (17 %) et l’intention d’effectuer des réparations ou rénovations majeures (4 %). Cela nous mène à un pourcentage total de 51 %, ce qui signifie qu’un·e locataire sur deux ne « provoque » pas son expulsion (par l’impayé de loyers, par exemple). Statistique Canada rappelle néanmoins que le pays n’est pas uniforme. À titre d’exemple, le taux moyen annuel de 4 % d’expulsions pour rénovations majeures a été de 983 % entre 2017 et 2022 à Hamilton (Ontario), population numériquement similaire à celle de Québec. Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’y a pas de rénovations à Québec ou ailleurs. Hélas, Hamilton n’a pas le monopole. Les cas d’évictions forcées de locataires ont augmenté de 132 % au Québec en 2023 par rapport à 2022, selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). Selon le RCLALQ, cette augmentation ne représentait « qu’une infime partie du nombre total » des évictions survenues en 2023.

59 % des personnes expulsées ont trouvé difficile ou très difficile de répondre à leurs besoins financiers, par rapport à 32 % de l’ensemble de la population ayant fait état de difficultés financières.

Parmi les personnes expulsées, près de six personnes sur dix (59 %) étaient âgées de 25 à 44 ans et plus du tiers (34 %) étaient âgées de 25 à 34 ans. Pour l’organisme fédéral, ce n’est pas une surprise, car plus on est jeune moins on est susceptible d’être propriétaire.

Près de la moitié des personnes expulsées ont fait état d’une santé mentale mauvaise ou passable (46 %), alors que sur la population totale les enjeux de santé mentale touchent un·e Canadien·ne sur cinq (20 %).

Par ailleurs, 28 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une incapacité, ce qui représente plus du double de la proportion observée dans la population totale (13 %).

Au total, 3 % des locataires ont vécu une expulsion en 2023, ce qui représente environ 45 000 personnes au Québec.

Ces données sont extraites de trois vagues de l’Enquête sociale canadienne, menées du 21 avril au 3 décembre 2023.

Des inégalités devant les expulsions locatives