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(La rédaction) Le 26 février dernier, plusieurs personnes se sont réunies au Fou-Bar à l’appel du comité Luttes sociales du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (Compop) pour une soirée de mobilisation pour se donner un regain d’espoir dans ce contexte sociopolitique marqué par la montée de la droite, le recul des droits de plusieurs groupes sociaux et les guerres.
Les militant·e·s du comité ont souhaité organiser un événement rassembleur, créant ainsi un espace où il était possible de se rencontrer et de rêver notre quartier : Saint-Jean-Baptiste. Cette soirée a également permis d’entendre des personnes ayant milité et qui militent toujours au Compop, partageant leurs expériences sous différents angles : le mouvement Saint-Gabriel, le Squat de la Chevrotière, la campagne Urgence d’occuper ! et beaucoup d’autres enjeux ayant habité les différents comités du Compop durant les dernières décennies.
Au cours de la soirée, les militant·e·s ont été appelé·e·s à répondre à plusieurs questions : comment les personnes militant depuis des années ont-elles persisté à travers les embûches, les crises et les contrecoups ? Qu’est-ce que leur militance leur a appris ? Quels ont été les moments les plus significatifs des luttes qu’iels ont menées ?
Cette soirée a aussi été l’occasion de présenter le zine conçu par le comité Luttes sociales, intitulé Rêver Saint-Jean-Baptiste. Ce dernier met en lumière les différentes luttes menées dans le quartier, allant de la sauvegarde de la rue Saint-Gabriel et sa vocation résidentielle et abordable jusqu’au squat du 920 de la Chevrotière. Il souligne également la spécificité du quartier que nous habitons et chérissons : sa géographie, ses résident·e·s, ses lieux symboliques et ses coopératives qui le rendent si unique. Finalement, un des objectifs du zine était de mettre en avant les nombreux besoins du quartier Saint-Jean-Baptiste, le plus dense de la ville, où les terrains pour développer des projets communautaires et sociaux se font rares. C’est pourquoi, en décembre 2021, le comité Luttes sociales a lancé une campagne de réappropriation citoyenne et d’actions locales intitulée Urgence d’occuper !, visant à réclamer des espaces sous-utilisés pour qu’ils répondent mieux aux besoins de la communauté (logement social, espaces verts, jardins communautaires, espaces communautaires, centres de la petite enfance, etc.
Le logement est un droit, pas une marchandise !
C’est grâce aux luttes citoyennes de longue haleine pour le logement social que notre quartier est encore habité par une forte majorité de locataires, soit 75 % versus 49 % pour l’ensemble de la ville de Québec*. Le logement social est sans but lucratif, empêchant par le fait même la spéculation immobilière et assurant une alternative pérenne au marché privé. Il agit directement contre la gentrification des quartiers. Aujourd’hui dans Saint-Jean-Baptiste, c’est 15 % du parc locatif qui est socialisé, ce qui est encore insuffisant pour permettre à tous les ménages locataires de se loger. Dans notre quartier, un ménage locataire sur trois (33,9 %) consacre plus de 30 % de son revenu mensuel pour se loger (2021). Il est donc impératif que nos dernières chances de développer du logement dans le quartier participent à faire augmenter le nombre d’unités de logement social.
Un paradoxe urbain
En 2015, Saint-Jean-Baptiste affichait un taux de canopée (couvert forestier) de seulement 13 %, soit le plus faible de toute la ville de Québec**. Cette situation amplifie les îlots de chaleur et affecte la qualité de vie des résident·e·s. Alors que le taux de motorisation du quartier est le plus faible de la ville avec 0,53 voiture par ménage, comment se fait-il qu’autant d’espaces publics soient alloués au stationnement*** ? De plus, c’est 58 % des résident·e·s qui favorisent les transports actifs pour leurs déplacements, alors qu’on dénombre environ 4 200 espaces de stationnements dans le quartier.
Or, la minéralisation excessive des surfaces accentue les îlots de chaleur, avec des conséquences négatives sur l’environnement urbain et sur la santé des personnes qui l’habitent. Chaque espace de stationnement déminéralisé et reverdi pourrait apporter une multitude de bénéfices collectifs. L’ajout d’arbres, de toits verts et de murs végétalisés permet, entre autres, de réduire les îlots de chaleur, d’absorber les poussières et les gaz polluants, de protéger contre les rayons UV nocifs, de créer des zones de fraîcheur grâce à l’ombre, de ralentir la vitesse des vents et de diminuer la vitesse automobile. C’est notamment pourquoi la campagne Urgence d’occuper ! réclame que des espaces bétonnés soient reverdis.
Se nourrir à proximité
Le premier jardin collectif du quartier est né en 2013 à la suite d’un forum citoyen où les participant·e·s ont déploré le manque d’alternatives alimentaires économiques et à proximité. Onze ans plus tard, seulement un jardin communautaire est prévu, sur le terrain de l’îlot Saint-Vincent-de-Paul. Les jardins collectifs et communautaires ont de nombreux avantages pour la communauté, dont l’accès à des aliments sains, locaux et abordables, le renforcement du sentiment d’appartenance, le partage de connaissances et la création de réseaux d’entraide.
L’objectif demeure d’obtenir un terrain en pleine terre où les résident·e·s pourraient cultiver leur propre lot. Il est donc essentiel de maintenir la pression sur la Ville de Québec pour réclamer des espaces dédiés à un jardin communautaire, dans le cadre de la campagne Urgence d’occuper !
Plus de locaux communautaires
Dans les dernières années, les besoins de la population ont explosé : hausse des demandes d’aide alimentaire, augmentation de l’itinérance, fermeture de ressources pour les personnes immigrantes, entre autres. Pourtant, dans notre quartier, les locaux communautaires qui pourraient répondre aux demandes restent rares. S’ils doivent être abordables et répondre aux critères d’accessibilité universelle, ils deviennent presque inexistants. La campagne Urgence d’occuper ! a donc permis d’identifier plusieurs terrains vagues ou sous-utilisés qui pourraientt répondre à ces besoins.
Les CPE, un enjeu féministe
En 1972, la garderie coopérative Saint-Jean-Baptiste a ouvert son premier local. Les années 70 et 80 ont été marquées par plusieurs actions menées notamment par des mères pour obtenir du financement pour des locaux adéquats. À ce jour, on ne retrouve que deux CPE dans le quartier. En 2021, une phase 2 du CPE coopératif Saint-Jean-Baptiste a été annoncée sur un des terrains visés par la campagne, un stationnement qui deviendra un lieu central pour plusieurs familles du quartier. C’est la preuve que la lutte porte fruits !
Un merci spécial au Fou-Bar pour l’accueil, à toutes les personnes ayant pris la parole lors de cette soirée, ainsi qu’aux personnes présentes. Que la lutte citoyenne continue !
* Ville de Québec, « Quartier Saint-Jean-Baptiste. Un portrait démographique », https://www.ville. quebec.qc.ca/apropos/portrait/quelques_chiffres/docs/1-3_Saint_Jean_Baptiste_Portrait%202024.pdf, janvier 2024.
** Ville de Québec, « Place aux arbres. Bilan 2015-2020 / Chantiers 2021-2025 de la Vision de l’arbre », https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/planification-orientations/environnement/milieuxnaturels/ docs/bilan_vision_arbre_2015_2020.pdf, 2021.
*** Ville de Québec, « Faits saillants. Conditions de stationnement dans le Faubourg Saint-Jean- Baptiste (zones 1 et 2) », https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/participation-citoyenne/activites/ CPFichierAzure.ashx?Fichier=4b58aebc-d0de-4845-82b5-b1fa46b36b81.pdf