- Accueil
- À Propos
- Journal l'Infobourg
- Campagnes
- Rue Saint-Jean
- Urgence d'occuper !
- 30 km/h dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste
- Rues partagées
- Patro Saint-Vincent-de-Paul
- Tourisme et Airbnb
- Coopérative d'habitation La Contrescarpe
- (Archives) Rues partagées : rue Sainte-Claire
- (Archives) Boucherie Bégin
- (Archives) Coopérative La face cachée
- (Archives) Défendons nos logements sociaux
- (Archives) Pédaler dans le quartier
- (Archives) Circulation de transit D'Aiguillon
- (Archives) Coop l'Escalier
- Nouvelles
- Soutien aux initiatives
- Documentation
Pour son édition de novembre, l’Upop du Comité populaire a tenu un visionnement de La Bataille de la Plaine en compagnie de l’équipe de réalisation venue de Marseille pour présenter leur film. La rédaction de L’Infobourg a profité de l’occasion pour les rencontrer et discuter à la fois du film et de son sujet contre la gentrification de leur quartier.
Entrevue
L’Infobourg (IB) : Bonjour! Avant tout chose, ici au Québec, rares sont celles et ceux qui ont entendu parler de la lutte épique que vous avez menée de l’autre côté de l’océan pour la préservation de votre quartier. Pourriez-vous, en quelques mots, nous en dire plus sur le quartier, la place de la Plaine et nous résumer les grandes lignes de la bataille qui s’y est déroulée ?
Primitivi (PT) : La Plaine, ( « lou plan », le plateau en occitan) désigne à la fois la grande place du marché et le quartier populaire et nocturne du centre de Marseille qui l’entoure. Un vaste plan de rénovation du quartier a été lancé en 2016. Les habitant·e·s y voyaient un danger évident de gentrification, de hausse des loyers et de touristification du quartier.
IB : Un élément qui a semblé primordial à la lutte sur la place aura été son occupation sous diverses formes. Si bien que la ville a construit un mur de béton qui empêchait l’accès à celle-ci. Quelle a été selon vous l’importance de cette appropriation commune de l’espace?
PT : Même si le quartier avait déjà une identité très forte, l’assemblée de quartier qui s’est créé et a animé cette lutte pendant 3 ans restera un souvenir de communauté et s’inscrira dans son histoire pour toujours.
IB : À trois ou quatre reprises dans le documentaire vous faites allusion à l’histoire du quartier, des insurrections de 1789 à la promulgation de la commune de Marseille. Pour vous, quelle était l’importance des imaginaires venant du passé dans la définition des luttes du présent?
PT : Pour nous, faire appel à la mémoire de luttes passées, c’est révéler les filiations historiques pour nourrir les imaginaires de la lutte. La Commune de Paris de 1871, à laquelle nous faisons référence plusieurs fois dans le film, a été écrasée dans le sang par les Versaillais, néanmoins cette brève expérience révolutionnaire a nourri depuis et jusqu’à aujourd’hui les imaginaires politiques des mouvements de gauche. Même si la bataille de la Plaine pouvait paraître dérisoire face à ces évènements historiques, cet imaginaire a nourri son identité. De nombreuses fresques « vive la Commune » couvraient les murs, et enflammaient les esprits. Nous avons nous aussi tâché de souffler sur ces braises.
IB : Vous avez choisi de montrer quand même franchement la présence de votre caméra dans la mise en scène autant que vous filmez aussi fréquemment la télévision et comment les médias institutionnels représentent la Plaine. D’ailleurs, plusieurs fois la narration et les personnages rappellent le rapport entre le film et la lutte. Quelle était pour vous la motivation à filmer cette lutte? Comment voyez-vous la place du documentaire dans la lutte ?
PT : « Primitivi, téloche de rue » documente depuis 25 ans les luttes citoyennes de Marseille, et en particulier de la Plaine où le collectif est implanté depuis sa création. Très vite, nous nous sommes confrontés au dilemme d’agir en tant que documentaristes ou de militant·e·s de cette lutte. Il nous est très vite apparu évident que notre travail était une arme de propagande au service de la lutte, et que viser une prétendue «objectivité » n’avait pas de sens pour nous. Nous avons choisi de mettre en scène et de questionner le rôle du cinéma de lutte, et d’en faire un des enjeux du film.
IB : Le film est paru il y a deux ans. Comment la situation a-t-elle évolué depuis?
PT : Les loyers ont beaucoup augmenté, mais la lutte qui a eu lieu a aussi attiré une population militante, féministe et bouillonnante, qui fait peur aux touristes. Il faut attendre encore pour savoir si la loi du marché aura raison de cette force de vie.
IB : Finalement, est-ce que La Bataille de la Plaine va être disponible bientôt publiquement?
PT : Primitivi a entièrement auto-diffusé ce film, organisé plus de 200 projections publiques et a donc patienté pour ne pas les priver de leur public, car nous considérions que la rencontre avec d’autres militant·e·s, comme celles et ceux de l’Upop du Comité populaire était primordiale. Nous arrivons à la fin de cette phase et le film sera dans quelques semaines, comme tous nos autres films en libre accès sur notre plateforme.