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Crédit photo: Fabien Abitbol
Par Fabien Abitbol
À peine les estimations des élections européennes connues, le président français Emmanuel Macron avait déclenché des élections législatives pour « clarifier » la situation. Les Français·e·s ayant refusé de donner les clefs du pouvoir à l’extrême droite et le premier ministre ayant subi un gros revers avec moins de 7 % des voix au premier tour et à peine plus de 5 % au second tour, la situation est devenue encore plus confuse.
Les électeur·rice·s français·e·s ont mis en tête les quatre principaux partis de gauche (La France insoumise, les Écologistes, le Parti socialiste et le Parti communiste, totalisant 193 sièges), en deuxième position les partisans du président Macron (Ensemble, le Parti démocrate et Horizons, totalisant 166 sièges), et l’extrême droite en troisième position (Rassemblement national avec 126 sièges et l’UDR avec 16 sièges).
Mais Emmanuel Macron n’a pas voulu donner les clefs de l’hôtel de Matignon à la gauche, prétextant que personne n’avait gagné et demandant une « trêve olympique » pendant les Jeux olympiques. C’est vrai que personne n’avait de majorité absolue, mais en 2022, c’était le cas aussi, et il avait donné les clefs du pouvoir aux trois partis qui lui étaient favorables.
Le 16 juillet, il a accepté la démission du gouvernement, mais sans nommer de premier ministre. Donc tous les ministres sont resté·e·s en poste et les 17 qui avaient été élu·e·s ou réélu·e·s à l’Assemblée nationale ont pu assister à l’ouverture de session le 18 juillet, et ainsi voter pour les principaux postes de l’Assemblée. Cela a permis de maintenir en poste la présidente sortante, macroniste, alors qu’en toute logique, la présidence aurait dû revenir à un communiste (la gauche unie présentant un seul candidat).
L’article 23 de la Constitution française prévoit ceci : « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle. » Mais ça n’a pas empêché 17 parlementaires macronistes de siéger à l’Assemblée nationale, de passer à la télé comme « ministres démissionnaires » et de signer des décrets.
Emmanuel Macron a passé le temps des Jeux olympiques entre des poignées de main aux sportifs à Paris et sa résidence présidentielle de vacances dans le Sud.
C’est presque à la fin des Jeux paralympiques que le président désormais presque sans pouvoirs a décidé de nommer pour premier ministre Michel Barnier. Ce politicien de 73 ans a été élu au niveau local très jeune (en 1973), puis s’est retrouvé député en 1978, président du conseil général de Savoie (à l’époque le cumul des mandats n’était pas interdit), et ministre en 1993. À titre d’élu de Savoie, Michel Barnier fait partie des artisans des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville de 1992. Les Jeux de 2030 se tiendront aussi en Savoie, puisque Québec n’a pas poursuivi la candidature que le maire Labeaume voulait.
Le quotidien londonien conservateur The Telegraph n’a pas hésité à parler de coup d’état de la part de Macron.
Macron n’a donc pas choisi un perdreau de l’année et c’est bien la première fois qu’il nomme quelqu’un avec qui il risque d’être en désaccord. Mais en bon vieux routier de la politique, Michel Barnier saura gouverner. À droite. Alors que le parti Les Républicains auquel il appartient a obtenu 35 sièges (47 en comptant les partis associés et les diverses droites). Un groupe politique représentant 8 % des 577 députés va donc être aux manettes. Ses faits et gestes seront scrutés par l’extrême droite. Autant le Rassemblement national avait dit que s’il y avait un ministre insoumis ou écologiste il voterait la censure, autant Michel Barnier affirmait qu’il n’y a pas de position de principe pour la droite traditionnelle.
Le plus « comique » dans le fait de remettre les clefs à la droite qui a été très longtemps au pouvoir mais qui est désormais réduite à peau de chagrin, c’est que les élu·e·s de droite avaient dit qu’ils ne voulaient pas entrer au gouvernement. Maintenant, il va falloir tenir au moins jusqu’à l’été prochain, car l’Assemblée nationale ne peut être dissoute qu’une fois par an. Quand bien même Macron démissionnerait ou mourrait, son successeur ne pourrait pas dissoudre.
Du côté de la France insoumise, on a demandé la destitution du président. qui ne risque pas d’aboutir : si le bureau de l’assemblée a bien validé la demande le 17 septembre, il faut maintenant que la texte soit étudié en commission. Puis il faudra un appui de la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale (une grande partie de la gauche votera contre, le centre et la droite aussi), puis au sénat (à grande majorité de droite), puis en congrès. Mathématiquement, ça ne tient pas la route dès le premier examen à l’Assemblée.
Mais pendant que la gauche se fissure à cause notamment de la posture de Jean-Luc Mélenchon, l’extrême droite se prépare à une potentielle démission avec une grande réunion politique par mois, pour bien occuper l’espace médiatique.