Par Anne-Sophie Trottier 

Le 3 octobre dernier avait lieu la grande manifestation « Les fonds publics pour le filet social », organisée par la Coalition Main rouge, le Conseil central de Québec et Chaudière-Appalaches (CSN), le Regroupement d’éducation populaire en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) et le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale (RGF-CN). Des groupes de partout au Québec se sont déplacés afin de démontrer leur indignation face au gouvernement caquiste, qui célébrait au même moment la deuxième année, de son deuxième mandat, au pouvoir. 

La grande manifestation visait à dénoncer la venue des Kings de Los Angeles à Québec. Cette équipe de hockey venait disputer deux matchs préparatoires au Centre Vidéotron, et ce grâce à une généreuse subvention de 5 à 7 millions fournie par le gouvernement du Québec. On se le rappelle, les Canadiens de Montréal avaient offert de venir jouer gratuitement au Centre, et n’ont jamais par le passé reçu de subventions gouvernementales pour venir à Québec*. Même les plus grand·e·s amant·e·s du hockey peuvent difficilement y voir autre chose qu’une maladroite manoeuvre populiste du type « du pain et des jeux » : et si la CAQ est prête à investir pour les jeux, elle l’est moins pour le pain. 

Devant le besoin toujours plus grand de renforcer le filet social, il est injustifiable que la CAQ accorde une si grande part des fonds publics à une équipe de hockey hautement fortunée. On le voit, le fossé entre les plus riches et les moins bien nanti·e·s continue de se creuser. Au moment d’écrire ces lignes, le réseau des Banques alimentaires du Québec vient de publier son bilan pour l’année 2024, qui est des plus alarmants. Une augmentation de la demande de 24 % a été constatée pour l’année. Depuis 2021, on parle d’une hausse de 136 % des demandes d’aide alimentaire. 

Les personnes aidées ont des profils très différents : 

  • 87 % sont des ménages locataires ; 
  • 39 % sont des familles avec enfants ; 
  • 38 % sont des enfants ; 
  • 34 % ont un revenu qui découle d’un emploi. 

Cela signifie que le salaire minimum en vigueur, de 15,75 $, est largement insuffisant pour combler les besoins de base. Comme l’explique la directrice de Moisson-Québec, Élaine Côté : « Tous les voyants sont au rouge**. » Comment peut-on se permettre de financer une équipe de hockey dans un tel contexte ? 

C’est en réponse à ce genre d’aberration que la manifestation a rallié groupes communautaires, syndicaux et étudiants, par une vaste mobilisation qui dénonçait ce gaspillage de ressources. Plus de 500 personnes sont venues protester et marcher dans les rues de Limoilou jusqu’au Centre Vidéotron. 

La subvention aux Kings est un symbole fort de la gestion cavalière des finances québécoises par la CAQ. Malheureusement, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, et il leur reste encore deux ans de mandat avant les prochaines élections. Raison de plus pour poursuivre la mobilisation et continuer de se faire entendre. 

* « 5 M$ d’argent public pour accueillir les Kings à Québec », Radio- Canada, 14 novembre 2023, https://ici.radio-canada.ca/sports/2026529/ hockey-lnh-quebec-kings-los-angeles 

** « 24 % plus de demandes d’aide alimentaire chaque mois dans la grande région de Québec » Radio-Canada, 28 octobre 2024, https://ici.radio-canada.ca/ nouvelle/2115763/aide-alimentaire-region-quebec 

Grande manifestation contre la venue des Kings de Los Angeles