Par Anne-Sophie Trottier

Le 27 juin dernier, après des mois de luttes menées par les grévistes du Réseau des bibliothèques de Québec, celles-ci rouvraient leurs portes à leurs usagers et usagères.

La grève, menée de longue haleine et en grande partie par des femmes, a permis d’obtenir des gains non négligeables pour les conditions de travail des acteur·rice·s du réseau. Dans un contexte où le dédoublement de l’employeur (l’ICQ étant mandaté par la Ville pour faire la gestion des bibliothèques) rendait la négociation particulièrement ardue, les grévistes ont fait preuve d’une persévérance hors du commun.

Même si le retour au travail ne fait pas l’unanimité, une chose est certaine : les gens sont heureux de retrouver leurs bibliothèques et le personnel qui y travaille. De plus, la population a pu découvrir officiellement la toute nouvelle bibliothèque Gabrielle-Roy, qui a su se réinventer magnifiquement.

Durant les trois mois de grève, l’absence des bibliothèques comme actrices de la consolidation du tissu social s’est fait remarquer. C’est que celles-ci remplissent un rôle d’ordre communautaire et culturel qui ne trouve pas son équivalent ailleurs.

La mission des bibliothèques publiques est à l’intersection entre l’alphabétisation, l’information, l’éducation, l’inclusion, la participation citoyenne et la culture. C’est ce que l’on appelle un tiers-lieu, soit un espace qui n’est ni la résidence personnelle ni le lieu de travail. C’est un endroit d’échanges et de rencontres qui est empreint de convivialité, mais qui s’extrait de toute logique marchande. Il n’est pas nécessaire de payer pour s’y installer, contrairement aux bars et aux cafés, par exemple. Ce genre d’espaces se fait rare, ce qui marque d’autant plus l’importance des bibliothèques pour une société en santé.

Si les bibliothèques n’avaient jamais existé, et qu’on essayait de les inventer aujourd’hui, ce serait tout simplement impossible. Le monde néolibéral dans lequel on baigne est tout simplement hostile aux rêves d’imaginaire, de solidarité et d’humanité prônés par les bibliothèques publiques.

Rendre l’accès à la littérature gratuit ? On dirait une utopie. Mais les bibliothèques sont là, et elles sont là pour rester.

La réouverture des bibliothèques : Célébrationdu tiers-lieu