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Par Yvon Boisclair
À onze ans, j’ai commencé à fréquenter cette attirante dame en volant un paquet de cigarettes dans la cartouche de mes parents. Pour aller à l’école, je dois traverser un champ. Je m’assieds sur une pierre et fume tranquillement : l’événement est vécu comme un moment d’intériorisation tranquille. Au fil des jours, je « m’intériorise » de plus en plus et passe au travers du paquet. Puis continue ainsi pendant un an. C’est alors que je me juge trop jeune pour ainsi « méditer », et décide d’arrêter, préférant attendre d’être plus vieux, ce qui fait que durant mon adolescence, je ne touche pas une seule cigarette.
À l’âge de vingt-quatre ans, je retombe sous le charme de la gente dame dans mon camp de yoga où je me fais acheter des « clopes ». Lors d’une conférence, notre guide explique qu’il faut s’aménager des moments de contemplation dans notre vie quotidienne. Me remémorant mes onze ans, je me remets à fumer comme exercice pour réfléchir en douceur. Quand je fume, je ne fais rien d’autre, concentré sur l’inhalation. C’est mon sublime moment de détente.
Je suçote ces dames une vingtaine de fois par jour. Cette habitude ne me coûte pas cher car je roule mes cigarettes à l’aide d’une petite machine, et des tubes avec filtre. Je dépense tout au plus vingt-huit dollars par semaine (en 1980...). Comme je peux me payer ma dépendance, aucun incitatif financier ne m’arrête.
Je consomme donc régulièrement – environ vingt cigarettes par jour –, mais au bout d’une dizaine d’années, le tabac s’attaque à mes bronches. Bientôt une maladie mortelle, la pneumonie, oblige une première hospitalisation.
Devant ce signe criant, il est temps de rompre avec ma maîtresse. Je décide, le cœur brisé, de « m’intérioriser » autrement. Mais d’abord : laisser ma compagne de façon progressive. J’augmente le laps temps entre deux cigarettes : trente minutes, une heure, deux heures... La consommation diminue sans douleur. Ou presque...
Trop beau pour durer! Je ne peux poursuivre mon ambitieux programme à cause de mon problème de bipolarité. Dans la période dépressive, j’arrive à réduire le nombre quotidien de cigarettes, mais en phase d’excitation, la séductrice reprend tout son pouvoir sur moi.
Que faire contre elle?