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Par Valentin Pages
24 mars 2024, une des plus grandes villes sénégalaises, Thiès, explose de joie. À l’instant, les premiers résultats des présidentielles tombent. La télévision confirme la volonté d’un peuple d’en finir avec la corruption des dernières années. Bassirou Diomaye Faye sera élu président de la République du Sénégal et dirigera le pays avec son acolyte Ousmane Sonko.
Cette élection clôture le long combat d’un parti qui a su redonner de l’espoir au peuple, qui a déchiré les passions et soulevé la République tout entière…
Dans les dernières années, le pouvoir en place, incarné par le président Macky Sall, a mis à mal la réputation démocratique du pays avec de nombreux scandales.
L’exemple le plus marquant est celui d’Ousmane Sonko, maire et opposant jugé dangereux pour le pouvoir, car très populaire. Il a subi différentes accusations qui sont orchestrées par le régime actuel. En 2021, en réponse, ses partisans organisent des manifestations pour sa libération, dans un contexte de crise sanitaire et d’inflation au plus haut. 14 morts ont été répertoriées.
En 2023, Sonko étant officiellement condamné, le pays s’embrase et les violences décuplent, faisant 50 morts. Le pouvoir utilise les coupures des réseaux sociaux, de certains médias et des données mobiles pour canaliser les informations. Sous prétexte de vouloir garder un certain ordre, ils musellent l’information et manipulent les médias. 1 500 personnes sont arrêtées pour avoir confronté le pouvoir, dont le numéro 2 du parti de Sonko, Bassirou Diomaye Faye.
Il faut aussi rappeler que les procès politiques sont de coutume sous le régime du président actuel et qu’il a inculpé de nombreux opposants pour lui permettre de garder le pouvoir. Alors même que son frère est soupçonné de corruption, il n’encourt aucune procédure judiciaire. La justice n’est pas réellement indépendante de la politique au Sénégal.
À quelques semaines du scrutin, l’incertitude et la tension sont palpables, alors que la date prévue des élections est le 25 février 2024, les leaders du principal parti d’opposition sont en prison. De scandale en scandale, le président tente d’invalider certains candidats, de museler certains opposants, de réduire le temps de la campagne, de décaler le scrutin de plusieurs mois ou de donner des fausses cartes d’électeurs à des étrangers pour qu’ils votent pour lui. Entraînant encore des manifestations, des grèves et de nouveaux morts… Le peuple semble prêt à tout pour que la démocratie triomphe. Un allié de taille, une institution de contrôle des décisions de l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel, invalide le report de l’élection et demande son organisation dans les plus brefs délais.
Finalement, peut-être de peur que la situation dégénère ou pour redorer un peu son image, le résident libère 200 des prisonniers emprisonnés plus tôt. Sonko et Diomaye sont libres et l’espoir du peuple est de retour.
La campagne excessivement courte de deux semaines aura permis de donner de la visibilité à Bassirou Diomaye Faye. Amadou Ba, le candidat du parti au pouvoir, aura eu une campagne de 6 mois et a fait des tournés avant les autres, sous prétexte de ses fonctions de premier ministre. Le Président Diomaye remporte le scrutin avec près de 60 % de votes.
Le parti du nouveau président promeut le patriotisme, la liberté et la souveraineté. Il veut que les Sénégalais·es prennent en main leur pays, que le pays ait des partenaires internationaux, mais que ces partenariats soient d’égal à égal. Il veut abolir les privilèges des entreprises étrangères sur le sol sénégalais. Il veut aussi renforcer la démocratie et assurer l’indépendance de la démocratie. Au niveau de l’éducation, il y a aussi, entre autres, la volonté d’enseigner la langue locale, le wolof dans les écoles. Enfin, il veut redynamiser l’économie pour permettre à la population de hausser son niveau de vie. En bref, ce sont des changements systémiques multiples qu’il promeut au sein de l’État, la fin souhaitée d’un système dysfonctionnel et ponctué de corruption.
De retour au 24 mars 2024, une légère pluie tombe sur Thiès au moment de l’annonce des premiers résultats, un fait improbable, comme il n’a pas plu depuis plusieurs mois et que la pluie n’est pas coutume en cette période. Un signe du ciel, pour une nation croyante, qui promet peut-être de beaux présages pour le pays. Le peuple est en liesse, l’espoir est bien là.