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Par Gabrielle Verret
Alors que 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée jusqu’à maintenant, la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques, soit la COP28, s’est tenue du 30 novembre au 13 décembre dernier. Cette réunion annuelle regroupe des États, des acteurs non gouvernementaux comme des ONG, des entreprises et des citoyen·ne·s. Elle s’est tenue dans les Émirats arabes unis, l’un des plus grands exportateurs de pétrole du monde. Ajoutons que le président de la conférence n’étant nul autre que Sultan Al Jaber, ministre de l’Industrie et des Technologies du pays, mais aussi le président directeur général de l’entreprise pétrolière nationale du pays (Abu Dhabi National Oil Company).
Avant tout, qu’est-ce que sont les COP ?
En réalité, COP veut dire Conférence des Parties, qui est l’organe décisionnel de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ainsi, les 197 États membres qui ont ratifié cette convention en 1992, lors du Sommet de Rio, sont nommés parties. Historiquement, la première COP a eu lieu en 1995 à Berlin.Très brièvement, les COP sont des réunions annuelles, ayant lieu souvent vers la fin novembre, où entre 20 000 et 30 000 personnes s’y réunissent pour construire des règles communes souvent très peu contraignantes et parfois sous la forme de déclarations de principes. L’objectif est donc d’atteindre les différentes cibles des conventions internationales concernant le climat et la biodiversité. Bien que les COP se réunissent une fois par année, le travail des membres est continu. L’objectif général de la Convention-cadre de l’ONU est « de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». En ce sens, d’autres accords ont été adoptés lors de différentes COP, comme le Protocole de Kyoto (1997) et l’Accord de Paris (2015). Bien que ces Conférences des Parties se concentrent sur les enjeux reliés au climat, elles peuvent aussi adopter des principes sur plusieurs autres enjeux transversaux, comme l’égalité des sexes et la place des communautés locales et des peuples autochtones.
Une instance critiquée
Évidemment, beaucoup de critiques émanent de ces conférences. Alors que nous en sommes à la 29e COP, comment se fait-il que les émissions de gaz à effet de serre (GES) n’aient toujours pas diminué ? Plus de 470 décisions plus tard, pas ou très peu d’améliorations sont perceptibles au niveau des émissions de GES ou quant au dépassement des limites planétaires. Par exemple, selon le World Resources Institute, entre 2005 et 2020, les émissions de GES ont augmenté de 18,2 % à l’échelle planétaire. En ce qui a trait aux limites planétaires, six sur neuf ont été dépassées à l’échelle de la planète. Il s’agit de neuf éléments qui doivent rester intacts pour conserver l’écosystème actuel, sans quoi des impacts considérables et souvent irréversibles toucheront la planète et la vie sur celle-ci.L’un des enjeux des COP est, par exemple, la prise de décisions consensuelles, alors qu’elles regroupent quelque 200 parties. Il est évident que ce mode décisionnel apporte des compromis entre pays ayant des intérêts différents ou même des blocages. Notons que la présence d’entreprises privées est aussi remise en question, du fait qu’elles soient directement impliquées dans les émissions de GES.
Des décisions inadaptées à la crise actuelle ?
Au cours des 14 jours de la COP 28, 19 décisions ont été prises par les parties. L’une des décisions qualifiées d’historique est nulle autre que de viser « la réduction de l’usage du charbon, mais aussi l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles inefficaces ». Alors qu’il est clair, depuis des décennies, que la crise climatique actuelle est causée en grande partie par les combustibles fossiles, cela aura pris plus de 30 ans avant de les citer dans une proposition formelle. À vrai dire, cette décision, qui s’est prise in extrémis lors de l’ajout d’une journée, est perçue comme peu contraignante pour plusieurs expert·e·s, notamment à cause des mots choisis. Le nouveau texte qui a finalement été adopté parle « d’éloignement » et de « transition hors de », alors qu’à l’origine on parlait carrément de « sortie » des énergies fossiles. Comme mentionné plus haut, les textes devant être adoptés par consensus, le premier a été modifié pour éviter tout blocage, notamment de l’Arabie Saoudite...
Alors que depuis des années les conséquences des changements climatiques sont de plus en plus visibles (phénomènes météorologiques extrêmes, sécheresses, chaleurs extrêmes, etc.), il apparaît de plus en plus clair que les pays du Sud sont les premières victimes de ces catastrophes aux coûts élevés en vies humaines. Et ce sont ces mêmes pays qui, historiquement, ont le moins contribué aux dérèglements climatiques, notamment en matière d’émission de GES. Les pays du Nord, quant à eux, en plus de piller les pays du Sud de leurs ressources, ont participé de manière intensive à la révolution industrielle, créant de grands chamboulements dans les différentes limites planétaires. Aujourd’hui, ces mêmes pays devenus riches, par l’exploitation d’autres États, ont donc les ressources financières pour s’adapter aux changements climatiques, alors que plusieurs pays du Sud ne les ont pas. Ainsi, une autre décision très importante de la COP 28 a été l’instauration du Fonds pour les pertes et dommages permettant d’aider les pays les plus vulnérables financièrement à s’adapter. Or, jusqu’à maintenant, ce sont 700 millions de dollars qui ont été promis, alors que les besoins, eux, vont jusqu’à 500 milliards par an, affirment certain·e·s expert·e·s !
Sans vouloir nous déresponsabiliser face au déclin de nos milieux de vie et du monde qui nous entoure, je pense qu’il est important de se rappeler que le 1 % des personnes les plus riches au monde émettent autant de GES que 66 % des personnes les plus défavorisées. Ainsi, non seulement le modèle économique néolibéral dominé par le capitalisme privilégie une poignée d’individus au détriment de milliards d’autres, mais il exploite la terre et ses ressources, et ce, sans fin.