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Par Fabienne Pion
Si vous avez eu à interagir avec des policier·ère·s dans les dernières années, vous avez peut-être remarqué un écusson représentant le drapeau du Canada gris traversé par une ligne bleue. Ce symbole, souvent porté sous forme d’écusson par certain·e·s policier·ère·s, fait polémique dû à son association à des groupes d’extrême droite.
À l’origine, la Thin Blue Line (mince ligne bleue) est un concept né au 19e siècle au Royaume-Uni. Son association à la police est toutefois beaucoup plus récente, remontant aux années 50 à Los Angeles. Porté sous forme d’écusson par les forces policières, il prend la forme d’une simple bande bleue sur le drapeau américain ou canadien en nuances de noir. Son principe est d’exprimer que la police représente la mince ligne (the Thin Blue Line) qui sépare l’ordre du chaos. Plusieurs membres du corps policier disent porter ce symbole pour montrer leur soutien à leurs collègues mort·e·s ou blessé·e·s en service. Cependant, il a pris une tout autre signification à la suite du mouvement des droits civiques afro-américains Black Lives Matter (La vie des NoirEs compte), qui a résonné à travers tous les États- Unis et au Canada. Depuis, le Thin Blue Line est associée à Blue Lives Matter (La vie des policiers compte), qui vise à s’opposer à Black Lives Matter en s’en prenant à sa légitimité. Des groupes d’extrême droite et des suprémacistes blancs se sont aussi approprié la Thin Blue Line dans leurs rassemblements, qu’ils portent avec le drapeau confédéré (symbole lui aussi raciste). Sous couvert d’une solidarité envers des collègues morts ou blessés en service, le sous-discours derrière le port de la Thin Blue Line est d’encourager la suprématie blanche et de légitimer la haine envers les personnes racisées.
Pourquoi alors les laisser porter un symbole associé à la suprématie blanche et à l’extrême droite ? Là est la question. De fait, plusieurs corps policiers ont pris position publiquement par rapport à la Thin Blue Line. Car, rappelons-le, le Code de déontologie des policiers du Québec prévoit qu’ils ont le « devoir de neutralité politique dans l’exercice de leurs fonctions […] le devoir d’impartialité dans l’exercice de leurs fonctions […]*. » La loi indique donc d’emblée que le port de ce genre de symbole est proscrit. La GRC, le SPVM, la police provinciale de l’Ontario, le Service de police de Toronto et bien d’autres ont interdit le port du Thin Blue Line à leurs policier·ère·s.
En somme, que les policier·ère·s adhèrent ou non à l’idéologie raciale projetée par l’écusson n’a pas d’importance. C’est un message de haine et d’intolérance qui est reçu par les personnes qui sont interpellées par la police, et particulièrement les personnes racisées. En effet, un article du Globe and Mail intitulé « Black and Arab people overrepresented in Quebec City police stops, data show » (« Les personnes noires et d’origine arabe surreprésentées lors des interpellations policières à Québec, selon les données ») démontre l’existence d’un profilage racial policier. Donc, considérant le risque accru de cette population d’être interpellée, le port d’un symbole raciste peut venir encore plus briser la confiance de la population, en plus d’ajouter un stress supplémentaire et inutile lors d’interactions avec la police.
* Loi sur la police, article 125.