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Par Yvon Boisclair
Quand j’ai vu ce beau mâle, mon cœur s’est dilaté. Sa démarche souple, son regard pacifique, une jolie moustache, bref, ce genre de charme désinvolte qui hypnotise m’a chaviré le cœur. Pourtant, je suis sensible à la beauté des femmes, en tant qu’hétéro.
Maintenant, nous vivons ensemble. Sachant combien je l’aime, il abuse de moi : il ne paie pas le loyer, ne fait jamais le ménage, mange à mes frais, se permet de dormir sur mon oreiller. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de lui dire combien il est beau. Il doit apprécier, car il me permet parfois de le caresser.
En huit ans, nous n’avons jamais eu une seule chicane. Évidemment : je le laisse abuser de moi. Serai-je bonasse, dépendant affectif, incapable de m’affirmer ? Devrais-je aller en thérapie ?
Il serait plus simple de changer de coloc. Mais comment faire ? Jamais je n’en trouverai un avec des oreilles si minces et pointues, de si belles papattes griffées, une fourrure si voluptueuse, sans parler de ses ronronnements envoûtants.
Il s’appelle Grizzly. Drôle de nom pour un chat, direz-vous. C’est ma copine, Lolo, qui l’a baptisé ainsi parce qu’il vient de la sauvagerie et qu’il est gris. Elle croyait, pauvre naïve, que les ours grizzly sont gris ; or, ils sont bruns. Grizzly rôdait autour de chez elle à la campagne. De peur qu’il n’ait faim, elle le nourrissait régulièrement. Un jour, elle voit dans son abribus la photo d’un chat perdu. C’est lui ! Elle téléphone à la personne. Pourvu qu’elle soit là ! Youppie, ça répond. Nous allons élaborer un stratagème pour que le pauvre minou retrouve le bonheur du foyer. Je dis : « Votre chat vient souvent sur mon patio. Il n’y a qu’à le tenter avec de la bouffe et vous le ramènerez chez vous ». Réponse : « Ben non, je pars pour la fin de semaine, j’ai pas le temps. »
« Ça se peut-y d’être sans cœur tant que ça ! se dit Lolo, enragée. Pauvre bête, elle mérite mieux que ça. » Réflexion faite, Yvon vit seul. De la compagnie lui fera le plus grand bien. Naturellement, il est d’accord. Il a beau être féru d’ornithologie, son cœur a besoin d’affection plus concrète.
Lolo sait comment appâter le minou affamé : des sardines (sans sel, bien sûr). Ensuite, louer une cage pour le piéger.
La nuit venue, le piège installé, il n’y a qu’à attendre. Lolo dort à moitié. Tout à coup, elle entend des « clang clang clang » métalliques. Elle sort et voit le beau chat prisonnier. Merveilleux ! Un peu plus tard, elle appelle un taxi, sonne chez Yvon : pas de réponse. Qu’importe, elle ouvre, libère minou, referme la porte et écrit un billet : « Attention, chat à l’intérieur ». Comme ça, il sera prudent ne le laissera pas s’évader.
C’est ainsi qu’une belle histoire d’amour est née.