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Par Andrée O’Neill
Photo: courtoisie
Les résidentes et résidents les plus âgés de Saint-Jean-Baptiste se souviendront peut-être que, vers la fin des années 1970, bien avant la généralisation du bac bleu, il y avait, à peu près à l’emplacement actuel de la fontaine du parc Berthelot, une cloche verte à la disposition des rebelles qui refusaient que leurs bouteilles et leurs journaux finissent à l’incinérateur. C’était le tout début d’un semblant de collecte des matières recyclables au Québec et, si ma mémoire est bonne, une des rares installations de ce genre dans toute la région de Québec.
Quelque 45 ans plus tard, les bacs bleus individuels se sont répandus non seulement dans Saint-Jambe, mais presque partout dans le monde industrialisé. Sauf qu’on se berce d’illusions si on croit que tout ce qu’on y met va nécessairement connaître une deuxième vie. Le verre qu’on y dépose consciencieusement, entre autres, arrive au centre de tri passablement contaminé par les autres matières (papier, plastique, etc.) puisqu’il se brise invariablement au moment de son transfert dans le camion. Il peut difficilement être retransformé en bouteilles ou en pots, sans compter qu’il contamine en retour tout ce qui se retrouve dans le bac ou au centre de tri.
C’est la société Via qui gère les matières recyclables de toute la région de la Capitale-Nationale. Grâce à sa trieuse perfectionnée, elle prétend pouvoir traiter le verre qui aboutit dans ses centres de tri pour en tirer une substance qui sert à faire... des routes, du recouvrement pour les sites d’enfouissement ou des immeubles en béton !
Cela fait des années que des groupes environnementaux, notamment le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, sonnent l’alarme sur l’incohérence et le gaspillage engendrés par la collecte pêle-mêle du verre. En 2013, la seule usine québécoise de recyclage du verre, Klareco, a fermé ses portes faute de pouvoir trouver du verre «propre», c’est-à-dire d’assez bonne qualité pour redevenir du verre, alors que nos pots et bouteilles finissent au mieux réduits en poudre et incorporés dans des routes et des condos, au pire à l’incinération ou à l’enfouissement.
On peut toujours se réjouir de l’élargissement de la consigne aux bouteilles de vin et de spiritueux annoncé récemment par le gouvernement de la CAQ, mais cette consigne ne commencera à s’implanter qu’en 2023 et ne s’applique- ra pas au verre blanc (pots de confiture, de cornichons et autres), qui représente près de la moitié des contenants mis sur le marché.
C’est pour ces raisons que la collecte du verre dans le bac bleu ne tient plus la route. La seule bonne manière de le prendre en charge est le tri à la source, un peu comme dans le temps de la cloche verte du parc Berthelot. C’est non seulement le moyen par excellence pour pouvoir refaire du verre avec du verre, mais aussi redonner de la valeur aux autres matières recyclables qui ne seront plus mêlées à la poussière des bouteilles cassées.
Et il y a de l’espoir si on s’y met. Partout au Québec, un mou- vement s’est amorcé en faveur du tri du verre à la source. Des dizaines de localités, villes, municipalités régionales de comté ou arrondissements, poussés par des initiatives citoyennes et par le collectif Opération Verre-Vert*, se sont dotés de points de dépôt pour les contenants et bouteilles. La réponse des résidents et résidentes est impressionnante et l’offre de ces points de dépôt ne suffit plus à la demande. Deux usines (une à Saint-Jean-sur-Richelieu et l’autre à Lachine) ont pris depuis peu la relève de Klareco et ne de- mandent pas mieux que de recevoir nos contenants détour- nés de la collecte sélective municipale.
Qu’attend la Ville de Québec pour donner aux Sant- Jambiens et Saint-Jambiennes de quoi faire honneur à leur réputation d’irréductibles Gaulois? Vite, un point de dépôt pour le verre dans le quartier, on attend vos suggestions pour l’emplacement !
*Pour voir la page Facebook d’Opération Verre-Vert: https://fr-ca.facebook.com/operationverrevert/