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Par Laurence Simard
Photo : Anonyme
Ça fait maintenant un mois que le gouvernement de la CAQ a mis en place le couvre-feu, dans le but annoncé de ralentir l’évolution de la COVID. Cette chronique présente des témoignages en vrac de résidentes et résidents du quartier par rapport à leurs expériences de cette mesure autoritaire extrême.
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C’était le dimanche, deuxième soir du couvre-feu. On avait réalisé, vers 18h45, qu’il nous manquait des ingrédients pour le souper, ou pour le lendemain matin, je me souviens plus. J’ai pris un autre dix minutes environ pour starter le chili, j’avais peur si j’attendais trop que les enfants soupent trop tard. Ensuite je suis partie en courant vers l’Intermarché. Je ne savais pas que l’épicerie fermait à 19h30, c’était un genre d’acte de foi.
Sur la rue Saint-Jean des personnes marchaient, certaines en paires, l’air un peu insouciantes, mais plus vite que d’habitude quand même. Un bonhomme l’air magané se promenait sur le trottoir en riant et en suivant son chien détaché. L’anxiété suintait d’un peu partout. Moi je courais, courais, comme si j’étais à bout de temps, comme si acheter quelques légumes et une pinte de lait et rentrer chez moi allait me prendre trois fois plus de temps que d’habitude, comme si aux 20 heures tapantes des bombes allaient tomber sur la ville.
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Un couvre-feu C’est merveilleux
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Depuis le début de la pandémie, j’ai recomposé une très belle relation avec mon frère: souper aux deux semaines, une fois chez lui, une fois chez moi. Je suis en télétravail, je vis seule, je n’ai pas d’enfants, ni de chum. Il est en télétravail, il vit seul, il n’a pas d’enfants ni de blonde. Se voir comportait très peu de risques, mais ça nous apportait énormément de réconfort. Le réconfort n’est pas très accessible pour des personnes dans notre situation. C’est dur. Pour la première fois depuis le début de cette pandémie, je trouve ça vraiment dur.
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J’aime que tout se mette sur pause en même temps. C’est pas défendable comme feeling. «On sort de telle heure à telle heure pis autrement on reste chez soi », ça apaise mon besoin que tout soit planifié et prévisible.
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À mes voisin.es qui ont des chiens,
En contexte de couvre-feu, gardez votre chien en laisse entre 5h et 20h (à part dans les parcs à chiens), cMest la moindre des solidarités. Même si votre chien est petit et/ou vous apparaît gentil et sans danger. Vous n’êtes pas dans la peau des autres, vous ne pouvez pas savoir la détresse et la souffrance que votre chien sans laisse peut causer. Si vous pensez que les besoins en espace de votre chien ne sont pas comblés, joignez-vous aux initiatives pour créer/emménager d’autres parcs à chiens.
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La première semaine du couvre-feu, j’ai fait une série de shifts de nuit. Le trajet pour me rendre à l’hôpital était tellement bizarre, personne dans les rues, sauf des personnes qui avaient l’air sans-abris, et qui avaient l’air d’essayer de disparaître dans des racoins.
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Un jour, à 21 h 07, j’ai oublié ma tablette quelque part, je suis allé la chercher au pas de course. Autre chose, j’ai moins accès à l’internet. N’ayant pas l’internet, le câble, en plus que mon lecteur CD a lâché, il me reste la lecture. Pis encore, le soir, je n’ai pas de concentration pour lire.
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Je trouve ça dur parce que le soir j’allais souvent prendre des marches après 20 h pour m’aider à dormir. Je fais de l’insomnie sévère, pis aller marcher au frette juste avant de me coucher ça aide mon assoupissement. Pis la nuit quand je dors pas j’aurais été me promener au lieu de tourner en rond dans mon appart jusqu’à 3 h du matin...
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Il était déjà difficile et laborieux de sortir mon fils (Asperger, anxieux de nature, qui généralise beaucoup) car il est déjà très Covid-anxieux et très sensible à la drôle de « vibe » qu’il y a en ce moment dans le rue due à la Covid. On a fini, à force, par se trouver une « trail » (genre pas sur la rue saint- jean, trop de monde tsé) toujours de soir. Déjà que c’est un défi l’organisation de l’école un jour sur deux en ligne au régulier, je lui laisse un break après sa journée. Mais là, c’est pratiquement plus possible de sortir le soir avec lui. Aussi il a de la misère à se placer dans le temps, donc aussitôt que la clarté tombe (16 h 30) il angoisse pas possible parce « qu’on n’a pas le droit d’être là, on va se faire arrêter » etc. etc. Sortir dans ces conditions, c’est pire que de ne pas sortir du tout. Donc quand j’arrive à le sortir malgré tout ça (c’est de moins en moins facile), c’est pendant une période de cours si c’est la semaine, ce qui le pénalise parce que l’école c’est déjà pas évident, mais un moment donné, entre deux maux, des fois, faut choisir le moindre.Sans parler que depuis le premier confinement, ça fait, pas de farce, cinq fois qu’on doit tout virer de bord, ça le désorganise de plus en plus à chaque fois et ça s’accumule.
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Mon constat perso final : ça fait juste augmenter la pression chez les plus fragilisés et l’angoisse en général dans la société, qui est déjà plus qu’à l’habitude. Ça augmente la détresse psychologique.