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Photo : Pascaline Lamare
Par Pascaline Lamare
Environ 5 000 personnes ont pris part le 8 mai dernier, jour de la fête des Mères, à la Marche Du pain et des forêts. Une manifestation d’ampleur, visant la convergence des luttes sociales et environnementales.
Le rassemblement, co-organisé par Mères au Front et Ma place au travail, se voulait politique et poétique. Les milliers de personnes ont marché sur la Grande Allée, au cours d’une marche silencieuse, du parc du Musée des Beaux-Arts jusqu’à l’Assemblée nationale. La foule nombreuse rassemblait des personnes de Québec, et également de 13 des 17 régions du Québec.
La marche avait deux objectifs :
- assurer une place en garderie abordable et de qualité pour chaque enfant et, par extension, demander de meilleures conditions de vie pour les enfants et leurs parents, surtout leurs mères, qui sont le plus souvent celles qui subissent le manque de places en services de garde éducatifs. Précarisées par le manque de places, elles se retrouvent contraintes de retarder leur retour en emploi ;
- demander des actions environnementales plus concrètes de la part du gouvernement (selon le dernier rapport du GIEC, il ne nous reste que trois ans pour agir avant la catastrophe climatique).
Ni fleurs ni chocolat
Manifester le jour de la fête des Mères est tout sauf un hasard. « Les mères sont un peu écœurées d'être en colère en solitaire. L'idée, c'est d'être en colère ensemble », explique Anaïs Barbeau-Lavalette, cinéaste et co-instigatrice du mouvement Mères au front.
Faisant écho à la marche Du Pain et des roses (1995), la marche Du pain et des forêts réclame de quoi vivre (du pain) et de quoi survivre (des forêts, symbolisant tous les écosystèmes en danger). Une centaine d’adultes et d’enfants ont porté des branches et des jeunes pousses symbolisant ce double enjeu. Revendiquant des décisions à la hauteur des crises écologique et sociale qui affectent nos enfants, familles, poussettes et citoyen·ne·s solidaires ont marché pour réclamer un avenir juste, équitable, dans un environnement préservé. La marche était ponctuée de quelques arrêts, notamment devant le Consulat de France ou encore devant le ministère du Conseil exécutif, où l’on a chanté sur l’air de Frère Jacques, « François Legault, dormez-vous ? ».
Devant l’Assemblée nationale, Françoise David, une des organisatrices de la marche Du pain et des roses, s’est exprimé pour souligner le fait que « des femmes revendiquent en 1995 comme en 2022 leur indépendance économique » et a exprimé « une pensée spéciale pour les mères ukrainiennes et les mères des pays en guerre, et les femmes américaines qui subissent un recul épouvantable et dont on doit être solidaires ».
Mélissa Mollen Dupuis, militante innue, a pour sa part dressé le parallèle entre l’exploitation du territoire par les personnes au pouvoir et le fait de « tasser » tout ce qui s’oppose à cette exploitation : environnements naturels, faune sauvage, hommes et femmes. Des pensionnats aux enclos des derniers caribous, elle a souligné la destruction qui accompagne cette volonté d'asseoir son pouvoir sur la nature et les effets destructeurs que cela peut avoir sur nous toustes.