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Par Pascaline Lamare
C’est par un frais matin de mai et à l’ombre des 34 étages du Delta que des citoyen·ne·s du quartier et militant·e·s du Comité populaire se sont installé·e·s rue Saint-Joachim pour occuper l’espace public et réclamer deux terrains, dans le cadre de la campagne « Urgence d’occuper ».
L’occupation de rue s’est déroulée entre les deux terrains ciblés par le Comité populaire, soit le stationnement extérieur du Delta et celui situé à l’angle de Saint-Joachim et de Saint-Gabriel, dont l’utilité peut être discutée, quand on sait que les stationnements intérieurs ne sont pas pleins et que l’avenir est aux transports en communs.
La température peu clémente n’aura pas refroidi l’enthousiasme des personnes présentes, animées par les besoins criants en logements et en services communautaires au sein du faubourg. Et pendant plus de huit heures, les militant·e·s du Compop et des résident·e·s ont profité de l’espace, l’ont réaménagé et l’ont animé.
Il ne s’agissait pas tant de proposer tel ou tel aménagement, mais bien de susciter les débats quant à la sous-utilisation de plusieurs espaces dans le quartier. Marie-Ève Duchesne, porte-parole pour le Compop, explique : « Ce que l’on souhaite faire avec cette campagne, c’est mettre de l’avant les espaces encore disponibles dans le faubourg afin de les visibiliser et de susciter des réflexions collectives. Dans le cas de ces deux stationnements, y aurait-il moyen de réfléchir les espaces autrement ? À quoi pourraient-ils être plus utiles pour répondre aux besoins du quartier ? ».
Dans un contexte d’urgence climatique, de canopée atteignant péniblement 13 % de la surface du faubourg, de manque de jardin communautaire, de logements dont les loyers explosent (pour un 4 ½ dans le quartier, le loyer médian était de 903 $ en octobre 2020, et de 1018 $ en octobre 2021 !), où les places en CPE se font rares (un seul CPE dans le quartier vise les résident·e·s, les autres sont affectés en priorité aux fonctionnaires), il faut se saisir de toutes les occasions pour faire valoir les besoins des résident·e·s du quartier
Si tous les leviers ne sont pas pris, nous considérons qu’il s’agit d’un manque de volonté politique
« En identifiant publiquement les possibilités d’espaces et les besoins à répondre, le Compop démontre aux différents paliers gouvernementaux, tant au municipal qu’au provincial et au fédéral, qu’ils ont la possibilité d’agir rapidement. Ce que l’on souhaite, c’est que l’ensemble des leviers politiques soient utilisés à tous les niveaux pour répondre le plus rapidement possible à nos besoins. Nous ne voulons plus de ces portes fermées pour le faubourg, où le manque d’espace est évoqué pour justifier l’inaction, alors qu’il s’agit plutôt d’un manque d’ambitions selon nous ! », ajoutait Marie-Ève Duchesne au début de la journée. « Si tous les leviers ne sont pas pris, nous considérons qu’il s’agit d’un manque de volonté politique », ajoutait-elle.
Des activités pour toutes et tous
Cette journée ayant commencé avec des températures peu clémentes, l’activité de zumba pour enfants - petits et grands - animée par le Centre Famille Haute-Ville, aura permis de se réchauffer en s’activant au rythme d’une trame sonore endiablée. Pendant que l’on participait ou que l’on regardait les autres danser, des militant·e·s préparaient un jardin improvisé en bordure du stationnement qui longe la côte Sainte Geneviève et la rue Saint-Joachim. Verdure (synthétique), jouets, carré de sable, les enfants pouvaient profiter d’un petit coin exceptionnellement protégé à cet endroit.
Pendant ce temps-là, Marie-Michelle Poulin se concentrait sur la fresque qu’elle allait peindre toute la journée, qui imaginait ce que l’on voulait comme aménagements dans le faubourg. La fresque sera finie ultérieurement, grâce aux commentaires reçus lors de cette journée. De la verdure, des arbres, un jardin communautaire, un CPE, des pistes cyclables, des fleurs sont déjà peints. Marie-Michelle y ajoutera un marché, des balançoires, et même… un parc à chiens.
Au barbecue convivial a succédé un épique tournoi de poches, qui a vu les plus jeunes remporter un « trophée » bien mérité. Dans l’après-midi, un commando verdissement a également pris d’assaut le terrain en arrière du stationnement de la Tour Saint-Jean, autre terrain revendiqué dans le cadre de la campagne « Urgence d’occuper ».
Une conférence sur la situation du logement et les 20 ans du squat de la Chevrotière, animée par Mathieu Houle-Courcelles, a permis de revenir sur l’une des actions qui a donné naissance à la Coopérative de l’Escalier. Cette occupation, « moyen d’action qui a un ancrage historique dans le quartier », est intervenue dans le contexte du Sommet des Amériques, et sa préparation avait duré plusieurs mois. Initialement prévue pour durer trois jours, elle s’était étendue sur quatre mois. Le propriétaire renonçait en 2004 à son projet de condos et la Ville cédait l’année suivante en autorisant un projet de logements sociaux sur l’îlot Berthelot. La Coop l’Escalier accueillait ses premiers locataires en 2010.
La journée d’occupation s’est achevée par un show des Mauvais payeurs qui ont animé la foule avec des reprises de quelques classiques d’auteur·rice·s aussi varié·e·s que La Bolduc et Richard Desjardins. Ils ont d’ailleurs surpris avec quelques réécritures inspirées par la situation des locataires au Québec, le tout sur des airs connus. Tout un spectacle, qui a clos comme il se doit une belle journée !
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La campagne « Urgence d’occuper » vise douze terrains du quartier Saint-Jean-Baptiste qui permettraient de répondre à différents besoins identifiés par le Compop. Pour tout savoir sur la campagne et les terrains ciblés, visitez le site web. D’autres actions auront lieu dans les prochains mois.