Par Naélie Bouchard-Sylvain du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches

 

Le 4 juillet 2024 marquait le premier anniversaire du nouveau règlement encadrant le droit de manifester déposé par l’administration Marchand, malgré les inquiétudes soulevées par plusieurs groupes communautaires. Pour l’administration Marchand, ce règlement était le moyen par excellence pour le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) d’assurer la sécurité des citoyen·ne·s et des manifestant·e·s. Pourtant, un an après l’adoption de ce règlement, c’est plutôt le contraire que nous vivons. Plusieurs organisateur·rice·s de manifestations issus de groupes communautaires ou citoyens nous rapportent vivre de l’insécurité, de l’intimidation et du contrôle abusif de la part du SPVQ.

 

Le règlement suppose que nous devons avertir le SPVQ de l’itinéraire, de la date et de l’heure des manifestations afin qu’il puisse bloquer les rues. Or, sachant ces informations d’avance, cela permet à la police d’imposer son propre trajet, de presser les manifestant·e·s à marcher pour respecter l’heure annoncée ou de commenter l’endroit de départ. En plus de cela, dans tous les cas qui nous ont été rapportés, il a été question de désinformation par le corps policier. Celui-ci fait référence à des chiffres magiques pour « permettre » aux manifestant·e·s de prendre la rue. Parfois c’est à partir de 50 personnes, parfois c’est à partir de 200 personnes. Cela dépend du policier ou de la policière qui est devant nous… ou de la personne qui est devant elle.

 

Eh oui, car en plus du contrôle exercé sur l’itinéraire, la date et l’heure, les policier·ère·s réagissent différemment selon leurs interlocuteur·rice·s. Sans surprise (mais c’est très indignant !), les jeunes, les femmes et les personnes racisées nous rapportent s’être senti·e·s intimidé·e·s, infantilisé·e·s et contrôlé·e·s par le SPVQ. Dans les cas qui nous ont été rapportés, la police s’est permis de commenter la fréquence et la légitimité des manifestations. Elle a également exigé des informations personnelles des organisateur·rice·s pour autoriser la tenue de la manifestation. Rappelons que de manifester est un droit et qu’en aucun cas, le SPVQ peut décider d’autoriser ou non une manifestation. Rappelons également que le sentiment d’insécurité dans l’espace public est nettement plus important quand nous sommes des femmes et/ou personnes racisées. Dans ce contexte, devoir réaffirmer nos droits face à un corps policier imposant et composé majoritairement d’hommes blancs est plutôt insécurisant. Si le rôle de la police est d’assurer l’intégrité physique des personnes, elle échoue lamentablement.

 

Bref, c’est à la suite de ces témoignages que plusieurs groupes citoyens et communautaires se sont rassemblés le 18 juin devant l’hôtel de ville pour dénoncer le climat répressif lors des manifestations et exiger l’abrogation de ce règlement par l’administration Marchand.

Droit de manifester : chronique d'un désastre annoncé