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Par Nicolas Lefebvre Legault et Justin Moisan
L’injection de 162 millions $ sur trois ans dans le financement de l’action communautaire, annoncée par le gouvernement Marois, ne satisfait pas les groupes de défense des droits. Les « mal-aimés » du communautaire ont peur d’être laissés pour compte et veulent obtenir des garanties.
Sous-financement
En 2001, l’État québécois a reconnu le rôle primordial joué par les groupes communautaires au sein de la société en adoptant la politique gouvernementale sur l’action communautaire. Cependant, le niveau de financement des organismes de défense collective des droits n’a à peu près pas bougé depuis ce moment. La plupart des groupes n’ont bénéficié que d’un relèvement de quelques centaines de dollars en dix ans. En fait, nous assistons à un constant appauvrissement des organismes, dont le financement est gelé depuis cinq ans.
Les groupes de défense collective des droits sont d’ailleurs les parents pauvres de l’action communautaire autonome. En 2011-2012, le soutien financier gouvernemental en appui à la mission globale des organismes communautaires était en moyenne de 122 046 $, alors que pour ceux en défense collective des droits, il n’était que de 54 081 $. Ce sous-financement compromet l’action des groupes, à un moment où les écarts se creusent entre les plus riches et les plus pauvres, et où les besoins sont de plus en plus nombreux.
Laissés pour compte
Le 24 octobre dernier, plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé à Québec lors de la marche Soutenir le communautaire. Par la suite, le gouvernement du Québec a fait l’annonce d’un nouveau financement de 162 millions $ sur trois ans. Une bonne nouvelle ? On peut penser que cet engagement a de quoi réjouir les groupes communautaires, mais si l’on considère que ce montant sera divisé parmi 4 000 groupes à travers tout le Québec, ça réduit l’excitation ! Selon un calcul rapide, voir les détails ci-contre, la hausse attribuée à chaque groupe de défense de droits pourrait se limiter à 2 500 $ par an. Considérant les besoins et défis auxquels sont confrontés les organismes, cette promesse semble n’être que de la poudre aux yeux.
La reconnaissance passe par un meilleur financement
Les groupes en défense collective des droits veulent la garantie qu’ils ne seront pas oubliés par le gouvernement. Ils veulent savoir quel montant sera effectivement réservé à la défense des droits dans les hausses annoncées l’automne dernier. Si jamais le gouvernement devait être défait lors du dépôt du budget, les différents partis devraient aussi prendre des engagements à ce sujet. Rappelons que, selon les seuils plancher établis par les représentants du mouvement communautaire, un organisme dans sa phase de consolidation devrait recevoir un financement de base de 120 000 $ par année.
Solidaires, les groupes populaires sont déterminés à obtenir un financement conséquent à leur pleine reconnaissance par l’État.
La défense collective des droits, un vaste mouvement
Au Québec, l’action communautaire autonome regroupe environ 4 000 organismes, dont les trois quarts sont financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux. La plupart offre des services communautaires et de l’aide directe aux personnes. La défense collective des droits, un secteur de l’action communautaire, rassemble quant à elle près de 350 organismes communautaires dont la mission est de faire connaître et respecter des droits et lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Dans la région de Québec, on peut penser à des groupes aussi divers que le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, l’Association coopérative d’économie familiale, ROSE du Nord, la Ligue des droits et libertés ou encore les AmiEs de la Terre de Québec. C’est par l’éducation populaire autonome, l’action politique non partisane, la représentation et la mobilisation sociale que ces groupes agissent pour améliorer les conditions de vie des citoyens et citoyennes. Au fil des ans, leurs actions ont donné lieu à de nombreuses avancées sur plusieurs dossiers, comme la construction de nouveaux logements sociaux, l’indexation des prestations d’aide sociale et la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly.
Les impacts du sous-financement
Quels sont les impacts du sous-financement des groupes de défense collective des droits ?
Le premier concerne le manque de ressources humaines et le grand roulement de personnel. Forcément, quand on compare les conditions offertes par l’État avec les conditions de travail offertes dans les groupes, le choix semble aller de soi pour la plupart des gens.
Le second est la réduction des services à la population.
Il n’est plus possible d’obtenir de l’aide dans les groupes communautaires entre 9 h et 17 h, cinq jours par semaine. Le service est souvent offert sur quatre jours, parfois moins, et il n’est plus rare de voir les groupes fermer durant l’été et une partie de l’hiver.
Le troisième est la nécessité constante de faire des choix déchirants à chaque fois qu’émerge un nouveau besoin ou une nouvelle lutte. Les organismes sont ainsi constamment contraints de répondre à la question suivante : « On coupe où ? ». La vie associative et militante en prend pour son rhume puisque la disponibilité, ou non, des ressources financières pèse de plus en plus lourd dans la balance, au détriment d’autres considérations sociopolitiques.