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Des liens à recréer entre Saint-Jean-Baptiste et le Vieux-Québec
Texte : Agathe Légaré
Photo : André Querry
L’invitation avait été lancée par courriel et sur Facebook : pour la deuxième année consécutive, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste s’associait aux Promenades de Jane. Tous les débuts du mois de mai depuis 2007, ce mouvement progressiste propose aux citoyennes et citoyens des visites guidées de leur quartier et de lieux jugés emblématiques de la vie urbaine d’autrefois et d’aujourd’hui.
Le samedi 3 mai dernier, par temps gris et maussade, quelque 80 personnes ont répondu à l’appelan participant à une Promenade de Jane dans Saint-Jean-Baptiste et le Vieux-Québec. Parmi les marcheurs, une conseillère municipale et le président du conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste.
Mathieu Houle-Courcelles, du Comité populaire, et Jean Rousseau, du Comité des citoyens du Vieux-Québec, codirigeaient la marche et l’animaient à tour de rôle, aidés de l’historien Jean Provencher. Ils ont réussi à se faire entendre dans le grand vide à l’aide d’un vieux porte-voix à batteries, qui en était presque comique avec ses pannes et ses hoquets.
Les Promenades de Jane doivent leur nom à Jane Jacobs, a-t-on rappelé d’emblée. Cette urbaniste américaine, décédée en 2006, a écrit et milité pour bloquer la construction d’autoroutes au centre-ville de New York et de Toronto et pour empêcher la destruction des vieux quartiers populaires sous le prétexte de faciliter la circulation automobile.
C’était fort à propos, donc, de faire démarrer la promenade dans le centre-ville de Québec, lui aussi dévasté et défiguré par une autoroute et un grand boulevard.
Saint-Vincent-de-Paul et Mère-Mallet
Nos guides nous ont entraînés vers l’ilot Saint-Vincent-de-Paul, un terrain vague utilisé comme stationnement. Sur ce lieu, autrefois, les Frères de Saint-Vincent-de-Paul avaient érigé et animé une école, un centre de loisirs et une église pour les ouvriers. Au cours de trois décennies, ce « complexe » a été démoli sournoisement, par morceaux plus ou moins gros, pour laisser la place à l’autoroute Dufferin-Montmorency et au stationnement pourri que l’on connaît. (Une décision récente de la Cour suprême du Canada va peut-être changer la donne : voir l’article de Mathieu Houle-Courcelles en page 4). Nous retenons que dans les années 1960, il y avait encore entre Saint-Jean-Baptiste et le Vieux-Québec une continuité physique.
Nous faisons ensuite connaissance avec l’héritage considérable des Sœurs de la Charité – les Sœurs Grises. Le complexe Mère-Mallet témoigne du travail des religieuses auprès « des orphelins, des enfants abandonnés, des malades mentaux, des vieillards, des pauvres ». Au XIXe siècle, raconte monsieur Provencher, on mourait du choléra et les incendies jetaient les gens à la rue. Seules certaines communautés religieuses, comme les Frères de Saint-Vincent-de-Paul et les Sœurs de la Charité, s’occupaient des pauvres.
Aujourd’hui, le promoteur Jaro règne sur les ruines de Saint-Vincent-de-Paul et la Fondation Jules Dallaire a acheté le complexe Mère-Mallet, sans le détruire, Dieu merci.
Dans le Vieux-Québec, des immeubles et des terrains vacants
Nous poursuivons notre promenade et pénétrons dans le Vieux-Québec, patrimoine historique de l’Unesco. Nous apercevons d’abord l’ancien centre Nazareth pour les personnes âgées puis nous nous arrêtons, en contre-bas d’une forte pente, devant un immeuble de briques rouges imposant et majestueux : l’ancienne école primaire pour garçons Saint-Saint-Louis-de-Gonzague. Cette école est devenue un simple externat et a fermé ses portes en 2010.
Le gouvernement provincial a acquis le centre et l’école en prévision de l’agrandissement de l’Hôtel-Dieu et de sa transformation éventuelle en super centre hospitalier universitaire (CHU). En 2013, le gouvernement a changé de cap et choisi d’installer le CHU dans Limoilou, sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. En conséquence, l’Hôtel-Dieu a rendu disponible tout le site où nous sommes.
Le comité populaire Saint-Jean-Baptiste et le comité de citoyens du Vieux-Québec soutiennent un projet de coopérative d’habitation, la Contrescarpe, qui ferait partie d’un grand ensemble incluant terrain de jeux, parc et commerces de proximité.
On sent que la partie ne sera pas facile. Ici, dans le Vieux-Québec, se côtoient le fédéral (les remparts, le parc de l’Artillerie), le provincial (l’Hôtel-Dieu et ses composantes) et le municipal. Les citoyens doivent donc s’unir pour faire bouger ces mastodontes.
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Extrait du numéro d'été 2014 du journal l'Infobourg