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Par Isabelle Côté Le 10 septembre dernier, c’est un vent de fraîcheur qui soufflait sur les aînés du centre d’hébergement le Faubourg (CHSLD), réunis à l’occasion de la première fête des récoltes du jardin Terre générationnelle. C’est que ce nouveau jardin collectif, développé dans l’enceinte du centre d’hébergement, accueille des citoyennes jardinières* dont la moyenne d’âge se situe autour de 30 ans. Depuis sa construction en mai, une quinzaine de jardinières fréquentent le jardin, situé au coin des rues Lockwell et Turnbull. Si l’idée de base était d’offrir de la terre aux personnes résidant dans le quartier, la création de liens de convivialité avec des personnes souvent très âgées et en grande perte d’autonomie est vite devenue un élément tout aussi important. Ces liens, les participantes y tiennent beaucoup : « C’est justement ce qui m’a attirée dans le projet », affirme Pierre-Anne Turmel, l’une d’entre elles. Pour l’auteur de ces lignes, organisatrice communautaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale et instigatrice du projet, c’est la dimension citoyenne qui fait le charme du jardin. Sachant qu’il y avait de l’ouverture du côté des CHSLD faisant aussi partie du CIUSSS, je me suis demandé comment des personnes en grande perte d’autonomie pouvaient se positionner comme citoyens et citoyennes à part entière de leur communauté. La réponse m'a sauté aux yeux : si les personnes résidant au CHSLD ne peuvent aller dans la communauté, il faut amener la communauté jusqu’à elles. Cet échange intergénérationnel et la beauté du jardin constituent la plus-value apportée par les citoyennes. Anaïs Jalbert a d’ailleurs ressenti toute l’importance de ces deux dimensions lors de la fête des récoltes : « En voyant toutes les personnes âgées réunies à l’extérieur et en constatant leur joie de se trouver au jardin en notre compagnie, j’ai compris tout le sens de mon implication ». Les personnes résidant au CHSLD, en retour, permettent aux jardinières de cultiver « dans leur cour » et de repartir avec le fruit de leur travail. Ainsi, il ne s’agit pas de bénévolat classique mais bien d’un échange dans une perspective égalitaire. La dimension citoyenne se retrouve aussi dans la gestion participative, modèle choisi pour le jardin, qui n’a pas d’animatrice. C’est un comité formé de citoyennes jardinières et de représentants et représentantes du CHSLD qui assurent le bon fonctionnement du projet, qui ne pourrait survivre sans l’implication des membres. Le projet a aussi bénéficié de l’appui et de l’expertise de plusieurs organismes communautaires. Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, les AmiEs de la Terre et le Centre Famille Haute-Ville ont contribué à l’analyse des besoins et au recrutement. Par ailleurs, Craque-Bitume a assuré la cohérence du projet pour ce qui est des infrastructures, du choix des plants et de la formation. Les ateliers de la Fibre du Bois du Centre Jacques-Cartier ont construit les bacs. Si le jardin termine ses activités dans les prochaines semaines, les astres sont alignés pour qu’elles reprennent de plus belle l’an prochain. *Le projet ne comprenant qu’un seul jardinier, jardinières est employé pour alléger le texte. === Extrait du numéro d'automne 2016 du journal l'Infobourg