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Par Malcolm Reid Leonard Cohen est mort à la fin de l’année dernière. Juste comme l’Occident se mettait devant le fait qu’il allait vivre sous la gouverne de Donald Trump.Les gens savent que je suis un cohenien. Mais la remarque qu’ils m’ont fait n’était pas dans le genre « Le grand Léonard nous quitte juste quand on avait le plus besoin de lui ...» C’était plus : « L’élection américaine était déprimante, hein ? Moi j’ai préféré tourner mes pensées vers Léonard Cohen, vers tout ce qu’il avait fait dans sa vie ». C’est que le poète-chanteur canadien n’était pas vu comme un écrivain engagé de type classique, qui aurait conspué le président de droite, qui l’aurait satirisé. Il était simplement un autre type d’humain que ce vainqueur politique. Il était ailleurs. Il cultivait un autre jardin. Les gens savent aussi que je suis un intello de gauche, que mes héros ont tendance à être des poètes qui dénoncent les injustices sociales, tandis que Cohen chante : « On le sait, l’arnaque persiste Un vieux noir courbé cueille encore le coton Pour les rubans avec lesquels tu te pares ... » Alors, qu’est-ce qui a fait de moi un cohenien ? C’est surtout le fait d’être canadien, je pense. J’ai remarqué ce talent jeune, quand j’avais quinze ans et lui vingt-deux. Je savais qu’aucun autre pays n’avait produit un pareil homme. Ma grande surprise est de voir mon grinçant héros applaudi universellement à la fin de sa vie, à l’âge de 82 ans, ennovembredernier.À25ans,ilétaitunbrillant jeune poète à l’humour noir. À 35 ans, il était un chansonnier, brillant aussi, mais difficile d’accès. Quelques mélodies frappantes avaient ouvert la porte de la musique populaire pour lui : « Suzanne te fait descendre à sa maison près du fleuve ... » Il était un chansonnier avec un background d’écrivain. C’est rare, c’est même inconnu. Mais Leonard, c’était son cas. J’avais 15 ans, j’ai entendu parler de soin recueil de poèmes Let Us Compare Mythologies (Comparons les mythologies). Il était publié à l’Université McGill. On était en 1956. Dans un poème, il parle ainsi de Jésus : « Pour moi il est une chauve-souris clouée à la porte d’une grange ». J’arrivais à McGill, il sortait un deuxième recueil, The Spice- box of Earth (La boîte aux épices de la Terre). On était maintenant dans la Révolution tranquille québécoise. « Un cerf-volant ? C’est un ami que tu arrives à contrôler ... » J’étais lancé dans le journalisme, et dans les mouvements anti-guerre des années 1960. Là, Leonard a sorti Flowers for Hitler (Des fleurs pour Hitler). C’était en 1966, début du terrorisme au Québec, ambiance de tension. Le poète est dans une sorte de confusion. « Pourquoi m’as-tu dénoncé à la police ? ... Alors moi, je vais Te torturer avec des électrodes! » Cohen se diversifiait. En 1964, il a publié un roman, The Favourite Game (Le jeu qu’on aime le plus). Le livre raconte un jeune homme un peu comme lui, qui a une conscience sociale, mais peu d’énergie pour militer. Il n’est pas resté longtemps romancier, le poète. Ses romans, cependant, le situent dans le temps. Ils le situent dans les relations du Québec et du Canada. Et ils viennent juste à la veille de son entrée dans le monde de la chanson. À travers ses chansons, Cohen a eu une lente ascension vers son acclamation vaste. Quand j’ai commencé a l’étudier, en 1998, des gens me demandaient parfois qui était Leonard Cohen... Quand, en 2006, j’ai publié mon livre Deep Café, plus personne ne me posait cette question. C’est en 1966 qu’il publie son grand roman, Beautiful Losers (Les perdants magnifiques). Le livre raconte deux jeunes hommes dans un Montréal contre-culturel. Ils ont aimé une fille des Premières nations et cette fille est morte mystérieusement. Ils se sentent ramenés dans l’époque de la Nouvelle-France et de la sainte indienne, Katéri Tekakwitha. C’est cette œuvre que je vais analyser dans ma conférence à l’Université populaire, le lundi 5 juin prochain à 19 h, à la Librairie Saint-Jean-Baptiste. ( J’aurai Deep Café, une jeunesse avec la poésie de Leonard Cohen, avec moi.) Je vous le dis : je n’ai jamais complètement compris ce roman. Mais cette fois, je vais lutter avec lui à bras le corps.