- Accueil
- À Propos
- Journal l'Infobourg
- Campagnes
- Rue Saint-Jean
- Urgence d'occuper !
- 30 km/h dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste
- Rues partagées
- Patro Saint-Vincent-de-Paul
- Tourisme et Airbnb
- Coopérative d'habitation La Contrescarpe
- (Archives) Rues partagées : rue Sainte-Claire
- (Archives) Boucherie Bégin
- (Archives) Coopérative La face cachée
- (Archives) Défendons nos logements sociaux
- (Archives) Pédaler dans le quartier
- (Archives) Circulation de transit D'Aiguillon
- (Archives) Coop l'Escalier
- Nouvelles
- Soutien aux initiatives
- Documentation
Par Colin Laverdure L’Université populaire du 3 avril a présenté une conférence participative à la Librairie Saint-Jean-Baptiste devant une vingtaine de personnes. Tout d’abord, on a expliqué ce que ça signifiait « la médicalisation du social », concept qui apparaît rébarbatif mais dont on a tous et toutes été témoins une fois. Ensuite, la conférence a laissé place au débat concernant les enjeux qui influencent cette transformation sociale. La médicalisation se traduit, globalement, par l’augmentation de la place que le médical prend dans la vie quotidienne. On parle d’une augmentation des diagnostics, par exemple du nombre d’enfants avec des troubles déficitaires de l’attention, mais également l’augmentation de la consommation de médicaments : de plus en plus de prescriptions, de plus en plus de médicaments en vente libre et une banalisation des effets secondaires de ceux-ci. Cette médicalisation a certains effets positifs : diagnostiquer mieux permet de traiter des problèmes plus vite et les trouvailles scientifiques ont des effets concrets sur la santé et l’espérance de vie. Toutefois, il y a une tendance à en occulter les effets négatifs. Prenons l’exemple d’un enfant qui a un trouble d’opposition contre l’autorité. On lui donne de la médication pour qu’il ne cause plus de problèmes, sans se demander si son trouble est véritablement lié à lui-même ou à son environnement (vivre de la violence pourrait causer un trouble d’opposition à l’autorité). On circonscrit le problème à la personne qui le vit, sans regarder les causes extérieures, l’environnement ou le lien avec les conditions socio- économiques. En somme, on individualise les problèmes à l’aide du médical. La discussion qui a suivi l’explication de ce concept a porté sur les causes de cette transformation sociale. De nombreux facteurs d’influence ont été soulignés comme favorisant la médicalisation croissante du quotidien. Le premier enjeu mentionné est l’organisation actuelle des services de santé et des services sociaux. En effet, avec une liste d’attente interminable pour avoir accès à des services psychologiques publics, la solution pharmacologique semble bien plus efficiente, plus rapide et disponible avant deux à quatre ans d’attente ! On assiste donc, par dépit, à une augmentation des prescriptions pour régler les problèmes : on n’a pas d’autre choix. La culture de l’immédiat a aussi ses torts : on veut la solution vite et force est de constater que les pilules, qui masquent les symptômes, agissent plus vite qu’une longue psychothérapie ! Ensuite, les pharmacies ont un poids formidable dans la société. C’est simple, la médicalisation leur profite ! On assiste à des profits faramineux et à une augmentation impressionnante des ventes. Un certain lobby existe également : près de la moitié des subventions pour la recherche en santé proviennent... des compagnies pharmaceutiques ! Il est donc évident que les résultats iront en faveur de la consommation de médicaments. La politique néolibérale en vigueur, qui se traduit par un certain laisser-aller du marché, peut également être à blâmer. Le démantèlement graduel de la Direction générale de la protection de la santé (1999) trahit bien les priorités du gouvernement fédéral actuel. Enfin, plusieurs autres facteurs d’influence ont été notés : la nutrition, l’oisiveté quotidienne et le culte de la performance, pour ne citer que ceux-ci, valent la peine d’être rappelés pour nourrir notre questionnement collectif. Certains courants de pensée, notamment les écoles féministes et la sociologie de Parson, parlent du contrôle que la médecine exerce sur les individus. En effet, grâce à cette science, on en vient à fixer une « norme », et conséquemment tous ceux et celles qui en dévient doivent être soignés. Par exemple, jusqu’à tout récemment, l’homosexualité faisait partie des diagnostics « officiels » des troubles de santé mentale. La médecine normalise l’hétérosexualité ; en dévier est un trouble à soigner. On se demande donc si, actuellement, d’autres comportements sont jugés déviants par la médecine moderne, alors qu’ils ne seraient pas forcément négatifs. Le conférencier, aussi auteur de ce texte, a terminé sa présentation en invitant les participantes et les participants à demeurer critiques de cette transformation sociale qui, si elle a des bons côtés, n’est peut-être pas aussi positive qu’elle ne l’est présentée.