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Par Fabien Abitbol – Texte paru en ligne le 25 octobre 2017 sur Le Bourdon du Faubourg Crédit photo : Véronique Laflamme Le temps était fort clément le mercredi 25 octobre lorsque, à 10 h 30, le Bureau d’animation et information logement (BAIL) et le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (Compop) attendaient devant l’hôtel de ville de Québec, tels des organisateurs du Club Med, les invités et les médias. L’esprit semblait aux vacances, mais les deux organismes de défense des droits étaient là pour parler de choses sérieuses, en l’occurrence de l’ampleur de l’hôtellerie illégale dans Québec et principalement dans les quartiers centraux. Le lieu de rassemblement tout comme la date avaient été choisis depuis longtemps, afin d’obtenir un peu de visibilité en période électorale. Et si le 21 septembre la Ville avait annoncé la création d’un nouveau comité pour réfléchir à des pistes d’action, la composition même de ce comité n’était pas du goût des organisateurs. Marie-Ève Duchesne, permanente du Comité populaire, ne manqua pas de faire remarquer que la composition de ce comité était a priori favorable aux locations de type Airbnb, ce comité étant composé essentiellement de personnes ayant des intérêts dans l’industrie hôtelière, et comprenant même un locateur Airbnb. Seul le conseil de quartier Vieux-Québec-Cap-Blanc-Colline Parlementaire, en effet, est membre du comité instauré en septembre, par l’intermédiaire de son président Alain Samson. Mais de comités de citoyens et citoyennes ou d’organismes communautaires des autres quartiers centraux, pas de trace. « On n’entend pas la voix des résidents et résidentes », a regretté Mme Duchesne, qui a calculé que seuls 7 % des propriétaires de logements mis sur Airbnb ont fait la démarche de tenter une régularisation depuis la mise en place de la loi provinciale. Tandis qu’une bonne trentaine de personnes inquiètes de la percée de Airbnb entonnaient des slogans et des chants, Mme Duchesne faisait le point sur la situation. Elle expliquait en préambule que la plupart des données étaient extraites du site AirDNA (qui analyse la croissance et l’activité de Airbnb) et de la plate-forme InsideAirbnb (qui fournit des données indépendantes dans certaines villes, dont Québec). Ainsi, selon la permanente du ComPop, 83 % des logements entiers proposés dans les quartiers centraux ont été loués plus de trente jours durant l’année écoulée, 58 % des logements entiers dépassant les 75 jours de location. La moyenne dans les quartiers centraux est de 159 nuitées d’occupation, pour un revenu annuel de 23 021 $. C’est sans conteste le Vieux-Québec qui est le plus rentable, avec 151 nuitées en moyenne, mais qui rapportent 29 785 $ par année, et Saint-Sauveur qui financièrement ferme la marche, avec tout de même 14 990 $ de revenus pour 155 nuitées occupées. Dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, plus de 65 % des logements Airbnb dépassent les 75 jours de location. Pour une occupation de 153 jours en moyenne, ces logements rapportent 21 700 $ à leur propriétaire. Sur les 2 203 annonces valides en septembre 2017 à Québec (uniquement affichées sur Airbnb), 1 385 concernent des logements entiers. Parmi eux, 822 se trouvaient dans les quartiers centraux, ce qui, selon les calculs des organisateurs du Airbnb Bus Tour représenterait 2,5 % du parc immobilier de ces quartiers. Pour Jonathan Carmichael, organisateur communautaire au BAIL, « les locataires font actuellement les frais de la popularité croissante de la plateforme Airbnb et de la rapacité de certains propriétaires attirés par le profit rapide et facile ». À l’issue de cette période devant l’hôtel de ville, celles et ceux qui le souhaitaient pouvaient prendre part au Airbnb Bus Tour : un autocar jaune (de grand format, s’il vous plaît !) attendait les curieux devant l’édifice municipal. Première étape, le Grand Théâtre. Non pas qu’il soit loué à la journée à des touristes, mais pour descendre à pied jusque sur la rue Saint-Jean, là où se trouvait le café associatif L’AnarChic. Cette première étape était pour expliquer que la bâtisse en question abrite plusieurs logements entiers, disponibles sur Airbnb, dont la description sur le site de location est particulièrement attirante. C’est devant ce bâtiment que René Généreux, militant du Compop, présenta les impacts concrets de ce que les résidents et résidentes du quartier peuvent vivre avec ce type d’hébergement illégal. Puis le groupe de faux touristes est reparti à pied récupérer l’autocar sur René-Lévesque. Le militantisme ou l’envie d’en apprendre davantage, ça nécessite tout de même quelques efforts ! De là, direction Charest, angle Langelier : l’emplacement de l’ancienne station d’essence doit accueillir un édifice dont deux étages seront destinés aux investisseurs cherchant la rentabilité. En clair, deux étages de location hôtelière sont prévus au Cobalt par GM Développement. Pour le BAIL et le ComPop, « la Ville doit agir dans les plus brefs délais afin de protéger les locataires et les citoyennes et citoyens des quartiers ». Les organisateurs du Airbnb Bus Tour trouvent « anormal que la Ville n’ait distribué que quelques dizaines de constats d’infraction durant les trois dernières années, alors qu’il est évident que des centaines d’hôtes d’Airbnb font de l’activité commerciale illégale ». Il est donc nécessaire de « faire respecter le zonage » en se dotant des « outils nécessaires » ainsi que d’ « une réglementation visant à restreindre radicalement l’offre Airbnb sur son territoire ». Il ne s’agit pas de la première action conjointe des deux organismes de défense des droits, mais gageons que nous pourrions en revoir d’autres dans les prochains mois si la Ville continue de laisser aller ce phénomène grandissant.