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Par Méric Sauvé Crédit photo : FRAPRU En 2015, le gouvernement libéral a diminué le financement du programme AccèsLogis et la tendance s’est poursuivie en 2016 où il annonçait des coupes de moitié du financement du programme. Cette annonce a soulevé une levée de boucliers de la part des communautés partout au Québec pour le maintien du programme AccèsLogis. Le programme AccèsLogis vise à soutenir les initiatives des organisations à but non lucratif (OBNL, coopératives, sociétés acheteuses, etc.) qui désirent réaliser des projets de logements sociaux communautaires. Le programme se divise principalement en trois volets. Le premier vise à offrir des logements aux ménages ayant un revenu faible ou modeste. Le second vise à offrir des logements adaptés pour les personnes âgées en perte d’autonomie qui ont possiblement besoin de soutien à domicile et, finalement, le troisième volet vise les personnes ayant des besoins particuliers de logements. Cela inclut l’adaptation des logements pour les personnes ayant des incapacités. En ce moment, AccèsLogis est le seul programme permettant la création de nouveaux logements sociaux. Il offre une variété de modalités d’aide financière selon le projet et le volet dans lequel il s’inscrit. Nous n’expliquerons pas tous les scénarios possibles, car cela peut être assez technique et sincèrement ennuyant. Néanmoins, on peut dire que de manière générale, le programme finance à 50 % les nouveaux projets d’habitation et les projets de rénovation des logements existants. Cela permet d’offrir des logements de qualité à des prix inférieurs au coût du marché, donc accessibles pour les personnes à faible revenu. En outre, au niveau de l’adaptation des logements pour des besoins particuliers, le programme peut verser jusqu’à 8 000 $ par unité résidentielle. Aussi, il faut dire que ce programme soutient les initiatives des communautés. Ce sont des groupes citoyens qui doivent mener les projets et trouver le reste du financement nécessaire à la réalisation du projet. Ainsi, ce programme exige relativement peu de gestion de la part de la fonction publique. Alors on peut se demander : pourquoi vouloir couper AccèsLogis ? Le besoin est-il encore présent ? Au Québec, environ 450 000 ménages locataires consacrent plus de 30 % de leur revenu à leur loyer et environ 200 000 en consacrent 50 % et plus. Seulement à Québec, 18 480 ménages locataires paient actuellement plus de la moitié de leurs revenus pour se loger. C'est dans ce contexte que le FRAPRU revendique 50 000 logements sociaux pour les cinq prochaines années. Le programme AccèsLogis permet la construction d’environ 3 000 logements par année, et les besoins sont encore loin d’être comblés. Une décision idéologique L’explication des coupures est assez simple. Le gouvernement libéral prend des décisions idéologiques basées sur une pensée néolibérale. En effet, pendant que ce gouvernement veut réduire le financement d’AccèsLogis, il annonce des réductions d’impôts qui favoriseront principalement les plus riches et offre des subventions généreuses aux entreprises privées. En 2017, Québec a donné 1,2 milliard en subventions, généralement non remboursables, ainsi que 1,9 milliard en crédits d’impôt pour les entreprises privées. Si le gouvernement a les moyens de soutenir aussi fortement les entreprises, il a forcément aussi les moyens de soutenir les plus démunis de notre société. S’il ne le fait pas, c’est par choix ! La revendication, une nécessité C’est grâce aux mobilisations de 2016 qu’AccèsLogis a été maintenu et nous devons continuer à militer pour que le programme soit bonifié et que d’autres programmes soient également mis en place. Nous devons montrer aux décideurs qu’ils ont tort de prioriser les entreprises privées aux conditions de vie des personnes les moins nanties de notre société. C’est dans cette perspective que le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste participait le 30 janvier dernier à une manif-action à Montréal pour exiger la bonification du programme. Alors que débutaient les consultations pré-budgétaires, quelques centaines de membres et de groupes alliés du FRAPRU, de différentes régions, ont manifesté au centre-ville de Montréal pour interpeller le gouvernement Couillard sur l’urgence de répondre aux besoins pressants des milliers de locataires mal-logés. En même temps que se déroulait cette manifestation, une vingtaine de militants et de militantes pour le droit au logement ont installé des sacs de couchage et ont occupé pendant une heure le bureau du Ministre des finances, Carlos Leitão. Une tente et des sacs de couchage ont aussi été installés dans le hall du Centre de commerce mondial où se situent les locaux du ministre.